Arroser le tournesol, un investissement avantageux

Claire Martin-Monjaret – Terres Inovia

Vos contacts régionaux : 
Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) – Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées, Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie

Selon l’enquête de Terres Inovia sur les pratiques des producteurs de tournesol, près de 25% des tournesols de la région sont cultivés sur des parcelles irrigables (chiffre stable depuis plusieurs années). Malgré cette capacité au niveau de l’infrastructure l’irrigation est peu pratiquée : seulement 5% des tournesols du Sud-Ouest ont été irrigués en 2019 et 2% en 2021; une marge de progrès est donc possible.  En parallèle, la grande majorité des tournesols est implantée en sols superficiels et intermédiaires : autant de situations où l’irrigation apporterait une plus-value économique.

Une forte plus-value économique pour de faible apport

Comparé à d’autres espèces de printemps, le tournesol valorise de faibles quantités d’eau : 1 à 3 tours d’eau de 35 à 40 mm chacun suffisent, soit un maximum de 120 mm.  Par temps sec et en sol à faible réserve utile, 70 à 100 mm d’eau permettent de gagner en moyenne 6 à 10 q/ha. Cette irrigation estivale pour un tournesol en culture principale, a l’avantage de se terminer tôt, début d’août, ce qui limite les risques d’interruption en cas de pénurie ou arrêtés préfectoraux en cas de sécheresse.Dans un contexte de prix de vente haussier, l’avantage économique de l’irrigation est fort, même en cas de prix de l’eau élevé. Ce gain est démontrable aussi bien en sol superficiel qu’intermédiaire. Sur une perspective de prix de vente indicatif moyen à 800 €/t, et pour un prix de l’eau à 20 c€/m3, une irrigation de 70 mm bien maîtrisée permet un gain très significatif de l’ordre de 340 €/ha (graphe suivant).

Graphique : Un avantage technico-economique démontré aussi en sol intermediaire 
– Gain net (€/ha) calculé hors bonus huile , pour 2 apports d’eau de 35mm selon 3 hypothèses du coût de l’eau et selon 4 hypothèses de prix de vente de la graine. Situations en sol intermédiaire.
Calculs effectués en prenant comme base une situation en sol intermédiaire, avec: un gain de +6 q/ha (et +1.5 point d’huile non pris en compte) pour 70mm d’eau apporté.

Un impact sur la qualité des graines avec un gain de 3 points d’huile en moyenne

L’irrigation améliore la teneur en huile et indirectement le prix des graines lorsque ce critère est valorisé (+1,5 % du prix par point d’huile supplémentaire). Sur la base d’un prix de vente à 800 €/t, d’un rendement irrigué de 30 q/ha et d’un gain de 3 points d’huile grâce à l’irrigation, la plus-value réalisée est de près de plus de 100 €/ha, ce qui n’est pas négligeable. Par ailleurs, l’irrigation n’a aucun effet sur la teneur en acide oléique du tournesol.

Un impact positif sur l’activité de pollinisation

En réduisant le stress hydrique du tournesol à floraison, l’irrigation favorise la sécrétion de nectar (source d’alimentation essentielle pour les abeilles) et augmente de ce fait l’attractivité des plantes pour les insectes pollinisateurs sauvages et domestiques. 

Lorsque la fréquentation des capitules par les insectes augmente, les transferts de pollen sont favorisés, limitant ainsi les défauts de fécondation qui peuvent empêcher les variétés peu auto-fertiles d’atteindre leur potentiel de rendement grainier. Autre effet positif, la pollinisation entomophile augmente la teneur en huile des graines de tournesol.

Pilotage de l’irrigation : vigilance pendant les périodes sensibles au stress hydrique

La conduite du tournesol irrigué est régie par trois étapes capitales qui permettent de viser un rendement supérieur à 30 q/ha : assurer une implantation correcte du peuplement, maîtriser la fertilisation azotée et l’irrigation. Obtenir une biomasse suffisante mais modérée avant floraison, maintenir cette surface foliaire verte le plus longtemps possible pendant les phases de floraison et remplissage des grains sont essentiels pour maximiser le rendement et la teneur en huile.
Attention : une biomasse exubérante en début de cycle provoquerait une évapotranspiration élevée rendant la plante plus sensible au stress hydrique estival.
De la levée au stade de début floraison, les réserves du sol et les pluies suffisent le plus souvent. Cependant pour préserver le potentiel de rendement, il est capital de couvrir les besoins en eau du tournesol dès le début de la floraison et pendant les 45 jours qui suivent. Pendant cette période stratégique, le tournesol doit consommer environ 230 mm d’eau pour assurer un rendement de 30 q/ha. Les périodes de sensibilité au stress hydrique sont : la phase de floraison (nombre de graines/capitule) et la phase de remplissage des graines (PMG, teneur en huile).

Irrigation en phase végétative rarement nécessaire
Le tournesol a la particularité de se comporter différemment en situation d’eau non limitante ou limitante. Un stress hydrique progressif en pré-floraison permet au tournesol de « s’endurcir » à la sécheresse par la mise en place d’adaptations physiologiques. Souvent le déclenchement de la première irrigation est précipité dès le démarrage du flétrissement des feuilles. Ce réflexe limite le phénomène d’endurcissement qui permet ensuite une meilleure tolérance au stress hydrique pendant les phases sensibles. Il faut apprendre à faire modérément souffrir son tournesol en pré-floraison pour obtenir une surface foliaire satisfaisante (sans excès) à floraison et pouvoir la maintenir dans le temps par l’irrigation.
Pour déclencher une irrigation, le meilleur indicateur reste le comportement du tournesol. Si les plantes flétrissent dès la fin de matinée, si vos tournesols semblent « baisser les bras » depuis plusieurs jours, c’est signe qu’ils manquent d’eau !

Irrigation et disponibilité en eau : les règles de pilotage

Les clés d’entrée sont l’état de croissance du tournesol au stade bouton, la quantité d’eau disponible, le type de sol, le stade du tournesol et son comportement. 

2 tours d’eau : l’option gagnante : Un positionnement début et fin floraison (situations à faible croissance, sol superficiel) est la meilleure stratégie pour augmenter le rendement avec une efficacité maximale de l’eau apportée. En sol profond, les apports sont décalés fin floraison et 10 jours plus tard considérant que la réserve utile répond aux besoins en eau du tournesol pendant la floraison.Une image contenant table

Description générée automatiquement

1 seul tour d’eau disponible : le choix du stade est crucial : Pour les situations à faible croissance ou en sol superficiel, l’irrigation est conseillée juste avant floraison à début floraison selon l’état de stress des plantes. En sol profond, il est judicieux de patienter jusqu’à fin floraison.

3 tours d’eau : situation particulière des sols superficiels : Cette quantité d’eau est justifiée les années sèches notamment en sol où la réserve utile, rapidement épuisée, ne couvre pas les besoins du tournesol.

Notions importantes

Il est préférable d’apporter 30-40 mm par tour d’eau plutôt que des doses plus faibles et plus rapprochées. Le délai recommandé entre deux tours d’eau est de 10 jours : raccourci si fortes températures (ETP élevées) et rallongé si pluies (décaler d’un jour pour 5 mm de pluie). Lorsque le dos du capitule vire au jaune citron, l’irrigation ne sera plus valorisée par le tournesol.

Piloter l’irrigation du tournesol par des sondes tensiométriquesIl existe une autre méthode de pilotage reposant sur l’utilisation de sondes tensiométriques placées dans la parcelle. Le déclenchement des irrigations est alors provoqué par l’indice foliaire d’une part, par la dépression mesurée par les sondes à 30 cm au stade E2 d’autre part. Pour en savoir plus www.terresinovia.fr

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31