Face aux graminées, maintenir la prélevée dans le programme de désherbage

Arnaud Micheneau – Terres Inovia

Contacts régionaux : Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr) – Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr

Si les solutions de désherbage de post-levée sur colza offrent une souplesse très appréciable, la prélevée garde néanmoins un rôle stratégique pour la gestion des graminées et en particulier des ray-grass. La pression parcellaire relative entre graminées et dicotylédones dictera les choix pour la construction du programme de désherbage. Terres Inovia présente dans cet article, les stratégies adaptées aux situations les plus fréquentes dans le Sud-Ouest.  

Une prélevée permet d’assurer un contrôle précoce des graminées, indispensable à l’implantation de la culture

Avec des dates de semis du colza de plus en plus précoces, conseillées dès début août (10 août, hors façade atlantique), il est nécessaire d’assurer le contrôle précoce des graminées, notamment du ray-grass, et plus encore lorsqu’il est résistant aux anti-graminées foliaires (molécules de la famille des « fop » et « dimes »). En effet, ce contrôle précoce doit permettre de garder la maitrise de la situation avant de pouvoir intervenir dans l’automne avec la propyzamide, sur une flore qui ne soit pas trop développée.   

Pré-levée : tenir compte de l’état d’humidité du sol et la date de semis du colza 

L‘efficacité des solutions de pré-levée sont très variables, et fortement dépendantes de l’état d’humidité du sol (bien plus souvent de sécheresse) au moment de l’application. En condition d’humidité optimale pour le semis, le positionnement de la prélevée permet d’assurer une diminution des populations de ray-grass de 50% à 100% selon les cas. En revanche, en conditions sèches cette efficacité tombe entre 10% et 40%.

◆ Vis à vis du ray-grass, la difficulté principale tient au fait que les levées se font en même temps que celle du colza. Ainsi, pour assurer une bonne efficacité de la prélevée, celle-ci doit être positionnée en conditions d’humidité optimale, c’est-à-dire juste après le semis si les conditions sont réunies ou lors du retour des pluies si le semis a été réalisé dans le sec. Attention, plus le délai augmente entre la germination des ray-grass, et l’application de l’herbicide, plus l’efficacité va chuter.  

Tableau : Synthèse des efficacités sur vulpins et ray-grass des applications au semis d’après les essais de Terres Inovia

Le recours aux solutions de pré-semis incorporées (ex : colzamid) offre un contrôle satisfaisant des graminées, bien meilleur que celui obtenu par une prélevée, dans le cas d’une application de début août en conditions sèches. 

◆ Dans les situations peu concernées par les pressions ray-grass, ou éventuellement vulpin, une gestion de la flore, graminées et dicotylédones confondues, pourra être gérée tout en post, à partir de l’automne.  
Limiter le coût de la prélevée est essentiel, de façon à garder la marge de manœuvre suffisante pour revenir en post levée. Par conséquent, le choix de la prélevée visant les graminées, doit rester dans des prix de l’ordre de 35-40€/ha avec par exemple une napropamide (pré-semis incorporée) ou des métazachlores à dose modulée. 

Rappel : réglementation et qualité des eaux
Depuis avril 2021, les conditions d’usage du métazachlore limitent cette substance active à une application maximale de 750 g/ha tous les 4 ans ou une application maximale de 500 g/ha tous les 3 ans. Le calcul se fait à partir des semis de colza en 2021.
​​​​​​​La détection de substances actives comme par exemple métazachlore, dimétachlore, propyzamide ou de leurs métabolites dans les eaux est préjudiciable à toute la filière colza. Du prescripteur à l’utilisateur, chacun est responsable pour garantir la durabilité de ces solutions hautement stratégiques dans la lutte antigraminées notamment. Pour en bénéficier demain, il est indispensable de respecter des bonnes pratiques d’utilisation adaptées au contexte local.

Stratégies possibles pour deux situations fréquentes dans le sud-Ouest

Les parcelles à faible pression de dicotylédones et graminées que l’on trouve dans les systèmes à assolement équilibré, fréquemment rencontrées dans le sud-ouest où le colza est cultivé, disposent d’une large palette de stratégies de désherbage.  

Les applications de prélevée, avec des solutions économiques (Novall 2 l/ha, Colzor Trio 3 l/ha, métazachlore + clomazone, Axter 1.5 l/ha) sont dans ces cas parfaitement adaptées. Simples et peu onéreuses, ces stratégies peuvent s’inscrire dans la durée.  

Une gestion exclusive en post-levée peut aussi être tentée car de nombreuses options sont possibles pour des coûts proches : Mozzar (0.25 l/ha) début octobre suivi d’une application de Kerb Flo, Ielo (1.5 l/ha) seul ou associé à Fox (1 l/ha) ou Callisto (0.15 l/ha) début novembre. Il est aussi possible d’utiliser, mais avec des précautions concernant le mélange, Kerb Flo associé à Mozzar (0.25 l/ha pour un désherbage graminées et dicotylédones, en suivant bien les recommandations de la firme pour le mélange). Enfin, dans certaines de ces situations, une impasse totale, ou bien seulement sur dicotylédone ou seulement sur graminées sera possible. C’est dans ces situations que des économies pourront être réalisées. Ceci nécessite une bonne connaissance de la flore à priori et un suivi des levées dans l’automne.

 
Pour les parcelles où les graminées dominent largement les dicotylédones, le maintien de la prélevée décrite précédemment est à conserver.  Ensuite, les possibilités offertes en postlevée avec la propyzamide succédant à une prélevée basique permettent un coût global d’environ 80 €/ha. 

D’éventuels compléments, contre repousses ou dicotylédones, dépendront des résultats du tour de plaine, avec les différentes solutions disponibles.  

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31