Tournesol 2022 : un semis soigné et dans de bonnes conditions, gage d’un bon départ

Vincent Lecomte et Claire Martin-Monjaret – Terres Inovia

Vos contacts régionaux : Arnaud Micheneau (a.micheneau@terresinovia.fr) – Sud Nouvelle Aquitaine, Gers, Hautes-Pyrénées Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Ouest Occitanie

Si l’implantation, étape clé pour la réussite du tournesol se prépare dès l’interculture, puis à la reprise avec des travaux du sol adaptés afin de garantir un développement optimal du pivot, l’étape du semis doit faire l’objet de tous les soins car elle aura un impact sur l’ensemble du cycle.

Se placer dans des conditions de semis optimales 

En parallèle de la date de semis qui impacte l’ensemble du cycle du tournesol, certaines conditions au moment du semis sont essentielles à respecter pour favoriser un démarrage rapide de la culture et préserver le peuplement, sécuriser la récolte et dans certaines situations limiter le risque mildiou. 

  • Favoriser une levée rapide pour limiter les dégâts de ravageurs à la levée. Dans un contexte latent de dégâts d’oiseaux et de ravageurs telluriques, le semis il est impératif de semer sur un sol ressuyé et suffisamment réchauffé à 5 cm de profondeur (>8°C) pour obtenir une levée régulière et favoriser la vigueur au démarrage. La mesure de la température du sol au niveau du lit de semences est un indicateur utile pour décider de la date de semis. Les prévisions sur un éventuel refroidissement des températures dans les jours suivants le semis sont également à prendre en considération.
  • Limiter le risque mildiou. La contamination des plantules ayant lieu au moment de leur émergence, la présence d’eau libre durant cette phase favorise la germination des spores de mildiou qui vont alors infecter le tournesol. Si un abat d’eau est annoncé dans les jours suivants le semis, il est alors préférable de décaler le semis.
  • Un semis précoce joue en faveur de rendements plus élevés. Une analyse multivariée des enquêtes sur les pratiques culturales du tournesol réalisées par Terres Inovia entre 1996 et 2019 (sur treize campagnes) a mis en évidence un intérêt statistiquement significatif du semis précoce, sur la première quinzaine d’avril, par rapport au rendement. Cette tendance est également observée sur la campagne 2021. 

Sécuriser la période de récolte. Un semis précoce réalisé dans de bonnes conditions montre un avantage pour esquiver la contrainte hydrique estivale. Il et offre également un intérêt pour minimiser le risque de récoltes tardives et par suite le recours au séchage qui engendre des frais supplémentaires, en particulier dans la moitié Nord de la France.

Prendre soin du semis est déterminant dans l’élaboration du peuplement : réglage du semoir et densité de semis.

Pour limiter les pertes à la levée, les réglages du semoir sont essentiels. Le positionnement de la graine dans le frais et sa régularité assureront une levée homogène et vigoureuse, limitant la durée d’exposition aux ravageurs du sol et aux déprédateurs. La profondeur de semis à viser est de 2/3 cm dans un sol frais et 4/5cm si le sol est sec en surface. Avec un semoir monograine classique, la vitesse de semis doit également être limitée à 5/6 km/ha pour privilégier une position régulière de la graine dans la ligne (possibilité d’aller un peu au-delà avec un semoir Tempo).

Outre les conditions de semis, le peuplement dépend particulièrement de la densité semée. les densités de semis ont globalement progressé depuis une dizaine d’années, notamment dans les Sud-ouest pour atteindre 73 000 graines/ha en 2021 (source enquête pratiques agriculteurs 2021 – Terres Inovia). L’optimum de densité est dépendant de la contrainte hydrique de la parcelle (type de sol et profondeur), de l’écartement entre rangs et du secteur géographique, en particulier si la parcelle est située dans une région qualifiée de « fraîche » ou à fin de cycle humide qui va impacter la capacité des capitules à sécher rapidement. En moyenne la densité de semis optimale se situe entre 65 et 70 000 graines/ha pour atteindre les objectifs de rendement et de richesse en huile visés. Dans les situations à large écartement (supérieur à 60 cm), attention aux sur-densités qui peuvent induire une concurrence entre les pieds.

Deux nouveaux outils pour accompagner les producteurs de tournesol ont été conçus par Terres Inovia et sont disponibles gratuitement www.terresinovia.fr. (Produits-outils) 
Optimiser le peuplement avec la calculette  « densité de semis » qui fournit en quelques clics la densité adaptée à chaque situation pédo-climatique. 
Trouver la combinaison la plus judicieuse entre précocité variétale et date de semis avec l’outil « date de récolte ». Vous pourrez faire varier ces deux facteurs et visualiser à travers une carte, la date estimée de récolte au plus près de chez vous. Un outil pour sécuriser la date de récolte, en particulier dans les secteurs humides en fin de cycle. 

Fertilisation : apporter la juste dose d’azote avant le stade 14 feuilles, sans négliger un apport PK

Dans un contexte de prix des engrais élevés mais aussi de marchés rémunérateurs, il sera particulièrement important d’ajuster les doses d’azote en 2022. L’impact négatif sur la marge de la sous- ou sur-fertilisation est accru dans le contexte économique 2022, avec, dans cet exemple, un gain de marge de 100 à 120 €/ha en apportant la dose optimale (graphiques ci-dessous). Selon les références acquises par Terres Inovia, les apports d’azote en végétation, avant le stade 14 feuilles du tournesol, sont aussi bien ou mieux valorisés selon les années que les apports au semis.

Comparaison des marges brutes du tournesol pour trois doses d’azote (0, 40 et 80 N), la dose conseillée et optimale a posteriori étant de 40 unités d’azote (cas 1 pour un rdt de 30q/ha) et  de 60 unités d’azote (cas  2 pour un rdt à 25q/ha avec rémunération sur le % d’huile). Comparaison avec les scénarios de prix 2020, 2021 et simulation 2022 : prix indicatif de l’unité d’azote : 0.8 €/ha en 2020, 0.7 €/ha en 2021, 2,0 €/ha en 2022(simulation) / prix indicatif de la graine de tournesol aux normes : 375 €/t en 2020, 460 €/t en 2021, 500 €/t en 2022 (simulation).

Ne pas négliger les apports de PK, en particulier dans les sols peu pourvus. Dans ces situations, les impasses sont à éviter

Pour un objectif de rendement de 25 q/ha apporter 40 unités de P205 et 40 unités de K20 en sol pauvre, 30 unités de chaque en sol bien pourvu. Pour un objectif de rendement de 35q/ha, apporter 60 unités de chaque en sol pauvre et 40 unités de chaque en sol bien pourvu. 

Prochain article dans la série «Réussir l’implantation du tournesol » : les leviers face aux dégâts d’oiseaux 

Pour en savoir plus www.terresinovia.fr et L’implantation du tournesol en vidéo :  Terres Inovia vous propose une websérie en 6 épisodes qui explique les étapes de l’implantation du tournesol après un couvert ou un travail profond : diagnostic visuel, témoignage d’agriculteur, conseils de Terres Inovia (tournages réalisés en 2021). Publication sur la chaine YouTube de Terres Inovia ou via www.terresinovia.fr. 1 : les choix à l’interculture ; 2 : Etat des lieux en sortie hiver et choix des interventions de reprise (17/02) ; 3 : Résultat de la reprise et Destruction du couvert (3/03) ; 4 : le semis (réglages densité …le 17/03) ; 5 : Bilan de la levée (31/03) ; 6 : bilan à la floraison (14/04).). Une image contenant texte, clipart

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Auteur de l’article : Rédaction Tup 31