Le Goji Pyrénéen en passe de devenir réalité

Publié le 18 mai 2014

Le dossier Goji des Pyrénées avance… Dans notre édition du 13 septembre 2012, nous présentions l’ambitieux projet de Jean-Pierre Fauré, horticulteur à Revel, de développer cette culture à fort potentiel dans le massif pyrénéen, en partenariat avec le gérant de l’EARL « Avenir ADN Agrialimentaire » (3A) dans les Pyrénées Orientales. Après 3 ans de recherche agronomique, de prospections et d’études de marché approfondies, nos deux agriculteurs présentent aujourd’hui un projet abouti, de la production à la distribution, en passant par la transformation qui devrait s’installer en Midi-Pyrénées. Lauragais et Roussillon se sont ainsi unis pour développer de concert l’or rouge des Pyrénées. Attention : opportunité !

Diversification sur un marché sans concurrence

Si l’on trouve du goji partout et facilement en France, il faut rappeler que ce dernier n’est qu’un plant primaire qui vient exclusivement de Chine, seul pays producteur et exportateur au monde jusqu’à présent. Mais il présente deux inconvénients majeurs… Le principal est la qualité sanitaire du goji chinois. Avec un mode de production bien loin de nos standards européens, les baies chinoises présentent des taux très élevés de résidus de fongicides et insecticides, qui ont conduit à la saisie de nombreux lots dans divers ports d’Europe et d’Amérique du Nord. Le second inconvénient provient de l’éloignement de la Chine de ses consommateurs occidentaux. Avec un temps d’expédition très long, le goji asiatique ne peut être vendu que séché à tous les continents. Le goji « frais » n’existe donc pas dans nos contrées. D’où l’idée de ces deux pionniers de développer une production de goji « made in Pyrénées », tracé, bio et frais sous l’égide de « Bio de France ». Un marché pour le moment sans concurrence, qui bénéficierait du formidable engouement du grand public, mais aussi des diététiciens, médecins et même cuisiniers, pour cette baie rouge aux nombreuses vertus. Nos agriculteurs voient également dans le goji, un excellent moyen de valoriser des friches, des jachères, d’anciens vignobles ou vergers arrachés ou encore une alternative pour les exploitants touchés par des virus ou maladies, comme la sharka, la flavescence dorée ou la PSA. « Reconversion ou diversification, la production de goji est la garantie de se constituer un complément de revenus, à l’heure où les soutiens à l’agriculture sont de plus en plus faibles et réglementés », précisent-t-ils. « D’autant que toutes les surfaces de notre territoire, de plaine ou de montagne, sont propices à la production des variétés de goji que nous avons développées et sélectionnées pour la France. »

Équipe multidisciplinaire

De fait, depuis 3 ans, ils ont travaillé en collaboration avec une équipe d’ingénieurs, tous orientés vers la recherche végétale), pour améliorer des variétés de goji primaires. Car ce projet est, comme souvent, une histoire de rencontres. « En cascade, dans notre cas », sourit Jean-Pierre Fauré. « Tout a commencé par la rencontre avec Éric, un maraicher et arboriculteur de Pyrénées Orientales, qui cherchait une production qui ne serait pas sensible à la sharka, qui s’étend dans tous les vergers du sud de la France. Il avait entendu parler de mon intérêt pour le goji. De là, l’idée a pris tournure et très rapidement, nous avons croisé les chemins de professionnels et spécialistes avec qui nous avons décidé de tenter l’aventure. » Aujourd’hui, l’équipe soudée se compose, outre les deux agriculteurs, de quatre ingénieurs en recherche végétale, biologie, génétique et agronomie. Une fois les contours du projet arrêtés, plusieurs voyages, dans une petite dizaine de pays, ont permis de collecter des variétés aux propriétés intéressantes, que Jean-Pierre et Éric ont ensuite croisées jusqu’à obtenir des produits répondant aux exigences de production.

Jean-Pierre et Eric, deux des associés de l'aventure Goji pyrénéen.
Jean-Pierre et Eric, deux des associés de l’aventure Goji pyrénéen.

« La vingtaine de variétés que nous avons créée est plus résistante aux températures extrêmes et plus productive, avec des fruits plus gros », expliquent-t-ils. « Pour le moment, les rendements tournent autour de 3 T/ha et nos recherches devraient nous permettre d’atteindre rapidement 4 à 6 tonnes de fruits par ha. » L’aval n’a pas non plus été négligé. Les associés ont d’ores et déjà lancé la recherche d’un bâtiment susceptible d’héberger une usine de transformation des fruits frais, pour la fabrication de compléments alimentaires.

Contrats « clés en main »

Avec un projet déjà bien avancé, les associés sont maintenant en quête de producteurs prêts à tenter l’expérience. Pour ce faire, ils ont élaboré un contrat qu’ils ont voulu le plus rassurant possible. « Nous destinons la vente des plants que nous avons créés aux seuls agriculteurs », expliquent Jean-Pierre et Éric. « Les horticulteurs, revendeurs ou particuliers ne peuvent rentrer dans cette démarche. Ces plants, exclusifs et protégés en Europe sous la marque déposée « Bio de France », seront disponibles à l’automne prochain. Nous assurons le suivi et l’appui à la conduite des cultures, pour assurer une récolte conforme à la charte qualité définie par le groupe et consentie entre les parties. Enfin, l’intégralité des récoltes sera achetée à un prix ferme et défini entre notre groupe et nos distributeurs, pour une période convenue et renouvelable. » Nos entrepreneurs ont déjà des producteurs en attente de débuter les premières plantations et, à l’autre bout de la chaîne, des distributeurs et grossistes se sont également positionnés pour les premières récoltes. Ces dernières ne sauraient tarder puisque l’EARL 3A, qui sert de vitrine culturale et expérimentale, va bientôt commercialiser les premiers goji frais et bio, issus de leurs propres sélections, produits en France. « Les agriculteurs auront donc la possibilité de voir, ici, nos variétés en situation de culture », confie Éric. Qui ajoute avoir reçu de nombreux emails et appels téléphoniques de producteurs intéressés par cette diversification de culture. « Cependant, compte tenu de nos recherches et des lourds investissements qui en ont découlé, nous souhaitons protéger au mieux nos connaissances acquises et ne dévoilerons donc les techniques qu’à la conclusion d’un contrat ferme », ajoutent-ils en cœur.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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