L’ours frappe dans un élevage haut-garonnais

Publié le 22 juillet 2016

« J’ai perdu une génisse et j’en ai 13 autres qui sont devenues inapprochables. » Jean-François Delvallez, éleveur à Arlos (canton de Saint-Béat), monte depuis 16 ans une vingtaine de bovins allaitants dans les estives de Balencous à Cazaux-Fréchet (65). Mais cette année, les animaux n’étaient plus seuls…

Quatre jours après avoir emmené ses vaches en estive, Jean-François Delvallez a été averti de la présence de l’ours « Goiat » dans la haute vallée du Louron. Lâché le 6 juin 2016 dans les Pyrénées catalanes, l’animal avait été géolocalisé par son collier émetteur, dès la semaine suivante à Cazaux-Layrisse, dans le Luchonnais. « À partir de ce moment, on a commencé à entendre des nouvelles inquiétantes », poursuit l’éleveur. « Des brebis, veaux et génisses ont été retrouvés morts ou ont disparu dans les environs. Le 15 juillet, un berger a aperçu un ours, reconnaissable à son collier jaune, courir après des animaux. Il a réussi à l’effaroucher mais depuis, il craint de repartir en estive. »

Le lendemain, le vacher de Jean-François l’avertit qu’il a retrouvé une de ses génisses à l’agonie. Arrivé sur place, ce dernier ne peut que constater la mort de l’animal. Des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) étaient présents dans le secteur, pour expertiser le cadavre d’une brebis d’un éleveur voisin. L’autopsie qu’ils effectuent sur la génisse montre que l’animal, en pleine panique, a violemment heurté un rocher dans sa fuite. Le choc, au niveau du flanc, sera tel qu’elle décèdera d’une septicémie consécutive à sa blessure. Avec le témoignage du berger et les coordonnées GPS de l’ours qui montrent qu’il se trouvait effectivement sur l’estive entre 23h et 3h du matin dans la nuit du 15 au 16 juillet, l’ONCFS a conclu à la responsabilité du plantigrade dans ce décès.

« J’ai voulu redescendre mes animaux, mais ils sont  devenus fous de peur et je ne peux plus attraper », soupire Jean-François Delvallez. « Si je dois arrêter d’estiver à l’avenir, je n’aurai jamais assez de fourrage sur l’exploitation pour passer l’année. Ça ne peut pas continuer comme ça. Nous rencontrons le sous-Préfet ce soir (18 juillet ndlr), à Cazaux-Fréchet. Nous allons lui montrer la réalité du terrain et l’impossibilité de cohabiter avec l’ours. J’ai aujourd’hui des bêtes terrifiées, blessées et celles qui étaient pleines risquent fort d’avorter. Nous ne voulons pas qu’on nous parle d’indemnisations, mais des solutions concrètes.

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia