Mobilisation pour la professionnalisation des maraîchers

Publié le 10 février 2017

Si Ondes est réputé pour ses formations en machinisme agricole, le CFPPA* est également très engagé dans la formation en maraîchage. Le lycée a d’ailleurs récemment acheté 5 ha, cultivables en bio, à côté du CFPPA. Avec la création à proximité de l’Espace Test, zone consacrée à l’installation de maraîchers en agriculture biologique gérée par la communauté de communes Save et Garonne et les Coteaux de Cadours, l’établissement a voulu faire le point sur les besoins en formation de cette filière en pleine mutation.

Des exploitations maraîchères économiquement fragiles

Tout le monde ou presque avait répondu présent, ce 31 janvier 2017, à Ondes : représentants de la communauté de communes Save et Garonne, de la Chambre d’Agriculture 31, de la mairie de Toulouse, du M.I.N.*, etc. Animée par Guylaine Grange, directrice du CFPPA, la réunion débutait avec un tour d’horizon des exploitations maraîchères du département, par Laurence Espagnacq, technicienne de la Chambre d’Agriculture Haute-Garonne. Le principal constat fait à cette occasion est la part écrasante du maraîchage bio dans les récentes installations. « 95% de nouveaux installés sont des personnes hors cadre agricole, qui optent pour une production biologique avec une commercialisation en circuit court », résumait-elle. « La très petite taille des projets d’installation en maraîchage bio, souvent inférieures à 5.000 m², et l’objectif affiché de construire une habitation à proximité montrent que les candidats sont davantage attirés par un mode de vie qu’un réel projet économique.

Dans ces conditions, la formation est loin de figurer dans les priorités des candidats, comme des récents installés. » D’après les statistiques, les maraîchers installés en bio depuis 10 ans affichent un revenu moyen inférieur à 10.000 € annuels, pour une exploitation d’1,4 ha. Âgés en moyenne de 39 ans, ils ont une formation de niveau BPREA*, ont peu de matériel, embauchent peu et surtout des saisonniers et vendent en circuit court, dans un rayon de 40 km. On estime à 250, le nombre de maraîchers en agriculture conventionnelle, sur une surface totale de 850 ha, et 117 exploitations maraîchères en conduite biologique, couvrant 210 ha. « Ces derniers ont une situation économique très fragile qui peut rapidement conduire à des cessations d’activité », poursuit Laurence Espagnacq. « Néanmoins, 94% d’entre eux se disent satisfaits de leurs conditions de vie. Dans le même temps, la demande de produits biologiques augmente, même s’il faut relativiser en termes de volumes. Il y a donc un vrai enjeu de formation pour, d’une part, ramener un peu de réalité dans les projets de certains candidats à l’installation et, d’autre part, professionnaliser les maraîchers en place et leur permettre de pérenniser leur revenu et leur activité. »

Orienter la filière par la formation

Une fois le constat énoncé, le tour de table et les échanges qui ont suivi ont permis de constater une convergence de vues des acteurs en présence. Les énormes débouchés potentiels que représente l’aire urbaine de Toulouse devraient tirer la filière vers le haut. Pourtant, nombre de porteurs de projet ne trouvent pas de terres disponibles et, à l’inverse, plusieurs structures porteuses, comme l’Espace Test Save et Garonne, peinent à trouver des candidats avec des projets viables sur le long terme. Autre problème d’adéquation entre offre et demande, alors que le M.I.N. de Toulouse voit vieillir la population de ses fournisseurs locaux de fruits et légumes, la majorité des maraîchers, en bio ou conventionnel, n’envisage pas l’opportunité de produire pour des filières de gros ou demi-gros. « Il y a clairement un changement de mentalités à opérer auprès des candidats, mais aussi des jeunes lors des formations initiales ou continues », estime Tom Fleurantin, Président du CIVAM* Bio 09. « La réforme du BPREA, prévue à la rentrée 2017, pourrait être l’occasion de faire des propositions pour améliorer le contenu des formations et la qualité des stages qui n’apportent pas assez de compétences pratiques. »

Accès au foncier et préservation des zones maraîchères, valorisation des filières de commercialisation longues, convergence des actions des acteurs de la formation et des collectivités territoriales sur l’accompagnement des projets, diversification des actions maraîchères par des cultures d’appoint, formations courtes spécifiques pour compléter les compétences initiales, les propositions des participants à la réunion étaient nombreuses et la volonté d’avancer indéniable. Aussi, pour ne pas rester dans le discours d’intentions, il a été décidé de mettre en place un comité de pilotage restreint. Constitué d’organismes opérationnels (FRAB*, Chambre d’Agriculture, lycées agricoles, VIVEA*, M.I.N., région/département, …), il aura à répondre de façon pratique et concrète aux différentes questions abordées lors de la rencontre. Des rendez-vous de restitution seront ensuite organisés pour valider les orientations proposées par ce Comité. D’ores et déjà, le CFPPA d’Ondes et la Chambre d’Agriculture sont en train de bâtir un programme de formation pour la filière BPREA Productions végétales, dans lequel l’Espace Test Save et Garonne servira de support pédagogique. Ce dernier va, de son côté, pouvoir bénéficier de matériel agricole spécifique prêté par le CFPPA. Les objectifs fixés pour la filière sont certes ambitieux, mais la dynamique est bel et bien lancée.

 

*Glossaire:
  • Centre de Formation Professionnelle et de Promotion Agricole
  • Marché d’Intérêt National
  • Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole
  • Centre d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural
  • Fédération Régionale des Agriculteurs Biologiques
  • VIVEA : fonds d’assurance formation pour les agriculteurs

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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