Naissance de la 1ère société forestière de France

Publié le 17 juillet 2014

« C’est le dernier étage de la fusée qui décolle…», déclarait Stéphane Viéban, directeur général d’Alliance Forêts Bois. Ce 19 juin, dans le beau cadre du Château de Cransac à Fronton, les adhérents de COFOGAR entérinaient le projet de fusion de leur coopérative avec la CAFSA et FORESTARN*, au sein d’une entité commune, Alliance Forêts Bois. Une « évolution » plus qu’une « révolution », selon ses dirigeants.

Une fusion en 3 temps

Cela fait quelques années que ces trois coopératives du Sud-Ouest réfléchissent à un rapprochement de leurs activités. « Il s’agissait de trouver une solution à plusieurs contraintes », explique Gabriel Chazallon, Président de la COFOGAR. « Nos structures faisaient doublon par endroits. Ce recouvrement géographique engendrait des déplacements inutiles et le manque de cohérence entre les différents réseaux coopératifs freinait la compétitivité de nos trois organismes. » Parallèlement, le poids lié aux besoins grandissants en gestion de ressources humaines, en développement de systèmes informatiques, en diversification des compétences et en recherche et développement, plaidait pour une mise en commun des moyens généraux et le déploiement conjoint de projets de recherche et d’innovation. Il n’était enfin pas rare que chacune des coopératives démarche un même client. Regrouper l’offre de bois était donc le meilleur moyen de garantir un approvisionnement régulier aux industriels du secteur, tout en renforçant sa capacité de négociation. C’est sur ce dernier volet qu’a débuté le rapprochement avec la création, fin 2011, d’une union commerciale. Au 1er janvier 2013, c’est l’ensemble du personnel, des moyens et des activités des 3 coopératives qui fût mis en commun. « L’ensemble de ses étapes nous a permis de bien baliser le chemin, et de s’assurer de la solidité de notre nouvelle structure », ajoute Gabriel Chazallon. « Nous avons ainsi obtenu l’adhésion totale à ce projet, que ce soit de la part des adhérents, des salariés, des clients ou des institutionnels. » Au terme d’un exercice complet – et réussi – de fonctionnement de cette Union intégrante, il ne restait qu’un pas à franchir. Le projet de fusion, déjà très largement soutenu, a donc été entériné fin juin, à l’occasion des Assemblées Générales Extraordinaires des 3 coopératives, puis par celle d’Alliance Forêts Bois, le 4 juillet 2014. Cette dernière a acté définitivement la fusion de COFOGAR, CAFSA et FORESTARN et la naissance d’Alliance Forêts Bois en tant que coopérative.

Proximité, efficacité et innovation

« Chaque territoire a sa propre problématique », insiste Stéphane Viéban. « Les enjeux, les stratégies et les marchés ne sont pas les mêmes, selon qu’il s’agisse des taillis du Lot, du Peulier du Val de Garonne,  du Hêtre des Pyrénées, du Douglas du Tarn ou encore des Pins des Landes. C’est pourquoi nous nous sommes structurés en réseau de 14 agences et 16 bureaux relais, maillant l’ensemble de notre territoire, pour assurer une présence de proximité à nos adhérents et des services propres à leurs besoins spécifiques. » Chacune des Agences est aujourd’hui dotée d’un Conseil d’Agence. Composé d’au moins un administrateur et de propriétaires adhérents locaux, cet organe local débat des questions propres au territoire et transmet ses propositions d’orientation au Conseil d’Administration d’Alliance, pour leur prise en compte dans la stratégie globale du groupe. C’est sur la capacité à innover que les sylviculteurs d’Alliance comptent tout particulièrement. Par exemple, la nouvelle coopérative travaille à lélaboration d’une planteuse automatisée de peupliers. En un ou deux passages de tracteur, cette machine pourrait effectuer jalonnement, travail du sol par potet et plantation. Elle devrait être construite et mise en route avec l’agence du Périgord fin 2014. « Il n’aurait jamais été possible de financer la recherche, ni amortir le coût de construction et de fonctionnement de cette machine si nous avions été seuls », résume Gabriel Chazallon. « Grâce à la mise en commun de nos moyens humains et matériels, nous aurons un matériel qui tournera entre plusieurs agences et nous permettra de largement diminuer les coûts de reboisement. »

Numéro 1 : pas une finalité mais un atout

Avec plus de 3 millions de tonnes de bois vendues l’an passé, Alliance Forêts Bois est – et de loin – la première société forestière française. « Être numéro 1 n’était pas un objectif pour nous, mais la taille de notre entreprise nous offre de nombreux atouts », précise Stéphane Viéban. « L’offre cumulée des 3 ex-coopératives permet ainsi à Alliance de contractualiser dans des conditions équitables pour tout le monde, que ce soit avec un petit client qui fait du bois de chauffage, une scierie ou l’usine de papier de St Gaudens. Il nous est également possible de proposer désormais un véritable plan de carrière à nos 550 salariés et de conserver un maximum les compétences en interne. Nous avons par exemple un directeur d’agence qui a commencé comme conducteur de tracteur il y a 20 ans. » Pour les responsables d’Alliance Forêts Bois, il n’est pas question de grossir pour grossir, mais plutôt de s’adapter aux évolutions du marché et aux réalités du terrain. Plus qu’une révolution, la fusion des 3 coopératives est une évolution logique. « Il y a 40 ans, quasiment chaque commune disposait d’une scierie », rappelle Gabriel Chazallon. « Avoir une coopérative forestière dans chaque département avait alors du sens. Aujourd’hui, la situation a changé et cette fusion est, pour nous, une étape aussi importante que quand nos anciens ont fondé ces coopératives. Il était de notre devoir de faire évoluer une structure que nos prédécesseurs ont eu le courage de créer. Nous perpétuons un héritage… »

* Coopérative Agricole et Forestière Sud-Atlantique, basée à Bordeaux, et la Coopérative Forestière du Sud Massif Central, basée à Albi.

 

 

Alliance Forêts Bois en quelques chiffres
  • 44.000 adhérents sylviculteurs répartis sur les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Limousin et Languedoc-Roussillon
  • 550 collaborateurs
  • Activité Exploitation : 2.470.000 T de bois vert + 600.000 T de bois issus des déstockages tempête commercialisées en 2013, pour un chiffre d’affaires de plus de 122 millions €.43% des tonnages commercialisés concernent le bois d’industrie, 40% le bois d’œuvre et 17% le bois énergie.
  • Activité Sylviculture : 56.100 ha de travaux (10.200 ha de nettoyage, 17.700 ha de reboisement, 24.400 ha d’entretiens et 3.800 ha de travaux de diversification), pour un chiffre d’affaires de plus de 30 millions €.
  • Activités « Conseils » : conseil fiscal, technique, administratif et économique sur près de 130.000 ha de propriétés, montage et suivi des dossiers de subvention post tempêtes Klaus/Martin, études d’aménagement foncier, dossiers de boisements compensateurs, aménagement de berges de cours d’eau, etc.
  • Activité R&D : Création d’un cover-crop motorisé, développement d’une planteuse automatisée de peupliers et d’une planteuse mécanisée grande capacité, construction d’un porte-outil pour l’entretien des lignes de plantation, mise au point d’un chenillard pour l’entretien des interlignes par l’agence du Limousin, mise en place d’un système informatique complet et performant.
  • Résultats nets 2013 : 712.205 €

 

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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