Nos députés aux abonnés absents…

Publié le 13 décembre 2013

Premier employeur de la région, aménageur du territoire, acteur du dynamisme économique rural, fournisseur de produits de haute qualité qui font la renommée de notre territoire en France et à l’étranger, …, toutes les qualités de l’agriculture laisseraient espérer qu’en cas de craintes pour l’avenir de ce secteur si porteur, les politiques se pencheraient sérieusement sur les causes des problèmes rencontrés et les solutions pour en sortir. Penses-tu….

UN député. Un seul, sur tous les Députés et Sénateurs de Haute-Garonne, a répondu à l’invitation de la FDSEA 31 à venir constater de visu, dans une exploitation en polyculture-élevage, les impasses auxquelles conduisent les politiques agricoles et environnementales décidées par notre Gouvernement. Un seul ou plutôt une seule députée a essayé de comprendre l’agriculture de notre département et de dépasser la vision simpliste, naïve ou idéologique qu’ont nos dirigeants de ce métier complexe qu’est l’agriculture ! Merci à Émilienne Poumirol, députée de la 10ème circonscription de la Haute-Garonne, pour sa considération envers le monde agricole. Quant aux autres invités, dont certains n’ont même pas eu la politesse de se faire excuser, ils témoignent par leur absence du peu de cas qu’ils font d’un secteur qui fait pourtant la force de leur territoire.

Fin de non-recevoir

Cette journée du 9 décembre a débuté à 10h autour d’un petit déjeuner campagnard, dans l’exploitation de Serge Barthès, installé en élevage laitier sur les hauteurs des coteaux de Caignac (canton de Nailloux). Le choix de cet agriculteur permettait de donner une vue d’ensemble et concrète du terrain et des difficultés que rencontrent les exploitants agricoles face aux nombreuses réglementations imposées. Pendant 3 heures, Luc Mesbah, Président de la FDSEA 31, et les Présidents des sections Élevage Allaitant, Élevage Laitier et Céréales, ont fait le tour des problèmes rencontrés par chacune de ces filières sur le dossier Zones Vulnérables.

« De nombreux efforts ont été fournis jusque-là pour respecter le 4ème programme de la directive nitrates, comme la protection des cours d’eau avec des bandes végétalisées et le fractionnement des apports azotés », expliquait Luc Mesbah. « Or rien de ce qui a été fait par les agriculteurs n’a été pris en compte dans la conception du nouveau Plan d’action National ! Voilà qu’on veut maintenant nous interdire la fertilisation des terres au-delà de 20 % de pentes. Nous avons pourtant proposé des solutions au Préfet, comme la révision des méthodes de calculs des pentes pour les adapter aux spécificités des terrains de notre région, l’allongement des périodes d’épandage pour les effluents de type II ou encore des dates de destruction des couvertures végétales compatibles avec les conditions météorologiques et agronomiques. » Las, les dernières réponses de la Préfecture sur ces points annoncent clairement une fin de non-recevoir sur la plupart des revendications de la profession.

Pour Serge Barthès, la moitié des élevages de zones de coteaux est menacée.
Pour Serge Barthès, la moitié des élevages de zones de coteaux est menacée.

Désobéissance civile

« En l’état, ce nouvel empilement de normes risque de conduire un éleveur sur 2 à disparaître », estimait Serge Barthès dans son exposé. « Les contraintes imposées, notamment en matière de mise aux normes des fosses et des bâtiments sont totalement démesurées. Alors qu’elles n’amènent strictement aucune plus-value à l’exploitant, elles vont induire un niveau de charges insupportables (80.000 € en moyenne par exploitation) pour les éleveurs qui n’auront aucun moyen de les répercuter sur les prix de vente. » Il précisait d’ailleurs que le lac collinaire qu’il a lui-même créé, il y a plusieurs années, en contrebas de sa ferme était exempt, analyses à l’appui, de tout substance polluante. Preuve que ses pratiques agricoles raisonnées sont compatibles avec la préservation de l’environnement. « Ce lac est un atout pour mon exploitation », martelait-il. « Il me permet de pouvoir irriguer une part de mes parcelles dédiées au maïs fourrage. Mais aujourd’hui, d’une part je n’aurais plus le droit d’en créer un et, d’autre part, la prochaine réglementation Zone Vulnérable m’interdirait de fertiliser ces mêmes parcelles, et donc d’y cultiver du maïs. On m’enlève définitivement toute possibilité de nourrir mon troupeau, sans aucune justification sanitaire ! »

Le message adressé par la FDSEA 31 au Gouvernement est clair. « Le Préfet nous dit qu’il est impossible d’exonérer l’intégralité des coteaux du département de cette interdiction », s’emporte Luc Mesbah. « Pour faire plaisir à Bruxelles ou à Paris, il doit y avoir obligatoirement une partie des zones en pente exemptes de fertilisation, même si cela ne tient pas debout d’un point de vue agronomique. C’est hors de question ! Nous avertissons donc l’administration tout de suite : toutes les surfaces en culture de ce département seront fertilisées ! Sans exception ! Nous appelons à la désobéissance civile et nous nous opposerons jusqu’au bout à cet acharnement des Pouvoirs Publics sur nos exploitations. »

Communiqué FDSEA

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia