Tout n’est pas rose pour l’Ail Violet

Publié le 15 septembre 2014

La traditionnelle fête de l’ail violet de Cadours, qui se tenait les 30 et 31 août 2014, est aussi l’occasion, pour les producteurs, de communiquer sur leur actualité auprès du grand public, des élus et politiques de la région. Une actualité loin d’être rose…

Récolte hétérogène et marché en berne

Si l’ail violet 2014 est globalement d’un bon calibre, avec une forte proportion de gros calibres, la qualité est hétérogène suivant les parcelles. Outre une coloration violette moins soutenue que la production de l’an passé, plusieurs cas de waxy (maladie physiologique qui fait pourrir un ou plusieurs caïeux du bulbe et qui finit par s’étendre) étaient signalés depuis la mi-août.

Mais c’est surtout la conjoncture économique qui inquiète les producteurs. Comme en 2013, un afflux important d’ail d’Espagne (surtout blanc) à prix cassés (1,20 €/kg) et une baisse de la consommation pèsent très lourdement sur les prix de vente de l’ail violet. Actuellement, celui-ci se négocie en moyenne à 2€/kg en tresse et 1,8€/kg en sac, sur le marché physique de Cadours. « Il nous faut à tout prix pérenniser le marché physique du mercredi à Cadours », insiste Lilian Bernard, Président du syndicat de l’ail violet de Cadours. « C’est là que les producteurs, par leur présence et leurs négociations, peuvent déterminer, chaque semaine, le prix moyen de l’ail. Au contraire, apporter directement son ail en conditionnements traditionnels (sacs, tresses) chez le négociant rend difficile toute négociation collective et fait baisser les cours du marché. Il faut jouer solidaire et donc limiter cette pratique. » Les producteurs reprochent également à un metteur en marché de ne pas avoir tenu les engagements pris lors de la dernière Assemblée Générale. En faisant cavalier seul, ce « partenaire » déstabilise le marché physique de Cadours. « Trop de grandes surfaces de la région mettent déjà en avant de l’ail argentin, espagnol, chinois ou autre, germé et de mauvaise qualité », s’énerve Lilian Bernard. « Comment promouvoir notre production locale de qualité, si nos propres metteurs en marché ne jouent pas le jeu ? »

Dernière tentative pour la démarche AOC

Attendue depuis des années et objet d’un travail acharné des producteurs et des animateurs du syndicat, la reconnaissance d’un AOC Ail Violet de Cadours a connu un nouveau revers. « La demande a été recalée lors du passage en commission en mars 2014 », explique Laurence Espagnacq, conseillère technique de la Chambre d’Agriculture. « La représentativité du Syndicat a notamment été mise en cause. Or, suite aux actions d’adhésion menées cette année, le nombre de producteurs a augmenté de 30%. Le syndicat représente désormais 50% des surfaces et 100% des négociants. Le problème est que de nombreux producteurs de moins de 55 ans attendent l’obtention de l’AOC pour adhérer. C’est l’histoire du chien qui se mord la queue… » La commission de l’INAO a également émis des réserves sur la différenciation entre l’ail violet de Cadours et celui la Drome. Une étude en cours d’achèvement met déjà clairement en évidence les différences. Les résultats officiels sont attendus dans les jours à venir. Enfin, l’INAO s’interroge sur le choix du Signe Officiel de Qualité. « Même si les autres aulx (ail blanc et rose) sont généralement reconnus par une IGP, notre syndicat revendique une AOC », insiste Lilian Bernard. « Plus qu’une simple aire géographique, c’est tout un savoir-faire, un travail et un terroir qui sont engagés pour obtenir un ail violet. »

Alors qu’une prochaine commission devrait avoir lieu en octobre, le Syndicat prévient qu’il ne continuera pas sa démarche s’il essuie un nouveau refus. Pour cette « commission de la dernière chance », les producteurs auront besoin de tout l’appui politique possible. Ils ont d’ores et déjà sollicité les deux Conseils Généraux de Haute-Garonne et du Tarn, l’APCA et le Ministre de l’agriculture, pour appuyer le passage en commission avec les éléments réunis par le Syndicat.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia