Colza : Comment se prémunir contre le risque Sclérotinia et Oïdium ?

A. Micheneau – Terres Inovia

Les parcelles du secteur se dirigent progressivement vers la floraison, avec selon les endroits, des éclosions déjà bien visibles. L’eau, bien que souvent excédentaire, est un facteur favorable à cette entrée en floraison en bonnes conditions. C’est le moment de raisonner la protection fongicide colza lorsqu’elle est nécessaire.

Celle-ci doit être réalisée dès le stade G1, marqué par la chute des premiers pétales, environ 10 à 12 jours après le début de la floraison. En l’absence de pluie depuis le début floraison, dans les conditions du sud-ouest (hors façade atlantique et piémont pyrénéen) l’application peut être retardée de quelques jours de façon à mieux couvrir le risque oïdium sur la fin de cycle. En effet, dans les terres, le risque oïdium est supérieur au risque sclérotinia, et peut justifier cette adaptation de stratégie.

Pour la gestion du risque sclérotinia, les analyses réalisées par les kits pétales, dans le cadre du réseau BSV, permettront d’évaluer le niveau de risque avec plus de précision. Il est donc conseillé de suivre les résultats de ces analyses dans les prochains BSV. 

Une gestion préventive pour le sclérotinia, curative pour l’oïdium 

La lutte contre le sclérotinia en végétation repose exclusivement sur une gestion préventive. Il s’agit de protéger les colzas avant la contamination des organes (tiges, feuilles) par le mycélium de sclérotinia ayant germé et étant présent sur les pétales. En effet, lorsque les pétales chutent, ces derniers se déposent sur les organes de la plante et les contaminent.

Pour l’oïdium, la protection de type curative est conditionnée par l’observation des premiers symptômes. Néanmoins, bien qu’efficace, la lutte curative contre l’oïdium est parfois difficile à mettre en œuvre car les colzas sont hauts et avancés lorsque les premiers symptômes de taches étoilées sur feuilles apparaissent, (Droite de la photo).

Il convient donc d’adapter le programme pour englober les potentiels risques sclérotinia et oïdium. Pour cela, il est opportun de choisir un produit fongicide efficace sur sclérotinia et avec des arrières-effets suffisants pour contrôler l’oïdium. Deux traitements ne se justifient généralement pas.

Faire le tour des parcelles pour repérer le stade début floraison (F1)

L’entrée en floraison, stade F1, est un stade facile à identifier (soit 50% des plantes avec ouverture des premières fleurs), qui permet d’anticiper la chute des premiers pétales, stade G1, le moment idéal pour réaliser le traitement face au risque maladies, (6 à 12 jours séparent ces deux stades). Une image contenant texte, arbre, plante, capture d’écran

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Quel Produit choisir ?

Au-delà des performances sur sclérotinia, il est essentiel de choisir une solution permettant de contenir également la pression oïdium. Globalement les solutions à base de prothioconazole seul (JOAO ou générique à 0,7 l/ha), associé à une autre triazole : le tébuconazole (PROSARO 0.8 l/ha) ou à une SDHI (PROPULSE 0,8 l/ha) présentent les meilleures efficacités sur sclérotinia avec une très bonne action sur oïdium.

Optimiser le rapport coût/efficacité en fonction de sa situation  

Compte-tenu des pressions sclérotinia généralement modérées voir même faibles dans le Sud-Ouest, il est possible d’optimiser le rapport coût/efficacité de ces solutions. En effet, des diminutions de doses peuvent s’envisager, jusqu’à 0,5 l/ha par exemple pour un PROSARO ou une spécialité à base de prothioconazole seul. PROPULSE à 0.5 l/ha est à réserver aux situations d’absence de symptômes d’oïdium au moment du traitement. L’efficacité sur sclérotinia restera suffisante tout comme les arrières-effets sur oïdium.

Il est aussi possible d’employer d’autres substances actives, à moindre coût, comme le METCONAZOLE. L’efficacité sur sclérotinia est en léger retrait en comparaison des grandes références, mais peut suffire pour les pressions faibles à moyennes de la région. L’efficacité sur oïdium est bonne.

Pour les parcelles où le risque sclérotinia est plus marqué, lié à l’historique des attaques ou bien au pédoclimat plus favorable (ex : bordure atlantique). Une association du METCONAZOLE à une SDHI, en l’occurrence du BOSCALID apportera un renfort sur cette maladie.

La solution TRESO apporte depuis 2022, un nouveau mode d’action (Phenylpyrroles (PP)) dans la lutte contre le sclérotinia via la substance active fludioxonil, qui permet de limiter les résistances aux SDHI. Il n’est, en revanche, pas homologué pour l’usage oïdium et n’a pas été testé par Terres Inovia sur cette maladie. 

Rhapsody, Ballad, que penser de ces solutions de biocontrôle ?

Ballad, comme Rhapsody sont des solutions de biocontrôle destinées à la lutte contre le sclérotinia. D’une manière générale, l’efficacité intrinsèque de ces solutions appliquées seules est variable et peu satisfaisante. En association, l’efficacité finale reste très dépendante de la nature du fongicide associé. Les essais menés par Terres Inovia, ne montrent pas de gain d’efficacité des associations de produits de biocontrôle à une demi-dose de fongicide, par rapport à la demi-dose de fongicide seule. Il n’apparait donc pas d’intérêt technique particulier pour ce type de solutions. Par ailleurs, ces solutions n’apportent pas de bénéfices sur oïdium. Il n’y a pas de plus-value apportée par ces solutions de biocontrôle associées à un fongicide.

 Votre contact régional

Quentin Lambert (q.lambert@terresinovia.fr)- Occitanie

Auteur de l’article : Rédaction Tup 31