Une journée avec un chargé de clientèle agricole

Publié le 25 mai 2016

Depuis 2010, le Crédit Agricole Toulouse 31 poursuit la mise en place de postes de conseillers spécialisés pour l’agriculture, les professions libérales et les TPE-PME. En mai 2016, le Trait d’Union Paysan est allé passer une journée avec Thomas Ferrere, chargé de Clientèles Professionnelles Agricoles pour les agences de Rieumes, St Lys et Fonsorbes.

À 37 ans, Thomas Ferrere comptabilise déjà 16 années de carrière au sein de la Caisse régionale du Crédit Agricole Toulouse 31. Fraîchement diplômé d’un DUT Techniques de Commercialisation, il débute au guichet de l’agence de Carbonne, en 1999. Après divers postes au service  d’une clientèle de Particuliers, il se spécialise à partir de 2010, lors de la création par le Crédit Agricole de 8 agences professionnelles sur le département de la Haute-Garonne. Ce natif de Fronsac (canton de St Béat) compte quelques agriculteurs dans sa famille et s’est toujours senti proche du monde rural. Aussi, quand on lui propose de devenir chargé de clientèle spécialisé en agriculture, en 2013, il n’hésite pas un instant. Trois ans plus tard, il ne regrette absolument pas sa décision. « L’agriculture est un métier complexe, soumis à une forte saisonnalité et sujet à de nombreux aléas », confie-t-il. « Je suis régulièrement des formations spécifiques, mais rien ne remplace l’expérience acquise sur le terrain. J’apprends tous les jours et je mets mes connaissances à profit pour être toujours plus réactif, plus pertinent dans mon conseil et pour trouver des solutions adaptées aux besoins de mes clients. » Thomas en compte 250 dans son portefeuille, répartis sur trois agences. Un nombre qui impose une organisation de travail rigoureuse et se traduit par un agenda bien chargé. Ce mardi 3 mai ne faisait pas exception…

8h30 : Thomas Ferrere attaque sa journée en prenant connaissance de la liste de ses clients dont les comptes affichent une anomalie. Ce sont généralement des règlements de factures qui vont mettre le compte à découvert ou en dépassement de découvert autorisé. « En me basant sur l’historique des mouvements du compte et avec la connaissance que j’ai de l’activité de mes clients, j’essaie de comprendre les raisons de ces anomalies », explique-t-il. « Je peux savoir ainsi si un remboursement de TVA, un paiement d’une laiterie ou d’une coopérative va bientôt réapprovisionner le compte. Sinon, cela peut être le signal que mon client rencontre des difficultés passagères. » Dans tous les cas, Thomas les appelle un par un pour préciser la situation et décider s’il autorise ou non le virement demandé.

Thomas jongle sans cesse entre téléphone, ordinateur et dossiers administratifs.
Thomas jongle sans cesse entre téléphone, ordinateur et dossiers administratifs.

10h00 : Son rendez-vous avec un agriculteur est annulé à la dernière minute. Il fait beau et ce dernier a préféré avancer ses semis de tournesol. « Cela peut arriver et il faut savoir s’adapter », relativise Thomas Ferrere. « Je vais pouvoir avancer sur les dossiers en instance. » Pas de risque de s’ennuyer, de ce côté-là. Deux épaisses piles de dossiers l’attendent au coin du bureau. Suivi des demandes de prêts pour des achats de foncier ou de matériel, finalisation de dossiers Jeunes Agriculteurs et Prêt Spécial Investissement, etc., il n’y a pas de temps mort. En parallèle, le téléphone sonne régulièrement. Un chargé d’études du siège de la Caisse Régionale souhaite obtenir des informations complémentaires sur un de ses clients dont le dossier va passer à la prochaine Commission Départementale d’Orientation Agricole. Un exploitant agricole à qui il avait laissé un message le rappelle. « Dans le cadre du suivi Qualité, nous mettons un point d’honneur à décrocher tous les appels entrants », précise Thomas. « Le but est de gagner en efficacité aussi bien pour le client que pour moi. » Il répondra à une dizaine d’appels en moins de deux heures et n’en ratera qu’un, étant déjà en ligne.

Avant d’aller manger, il reçoit un accord du service des crédits concernant un prêt Agilor déposé par un concessionnaire de son secteur. Il doit donc en informer l’agriculteur et le vendeur. « C’est toujours agréable d’informer nos clients qu’ils vont pouvoir réaliser leur investissement ou leur projet », confie Thomas. « C’est précisément à ces moments-là qu’on se sent vraiment utile. Il nous arrive aussi d’inciter certains clients à différer leur projet d’investissement, souvent pour des raisons de sécurité pour eux. C’est notre devoir de les protéger surtout dans ce contexte économique particulier, avec des doutes, des incertitudes dans leurs revenus et le manque de perspectives. »

L'influenza aviaire a entrainé de gros besoins de trésorerie pour financer des mises aux normes en biosécurité des exploitations.
L’influenza aviaire a entrainé de gros besoins de trésorerie pour financer des mises aux normes en biosécurité des exploitations.

14h : Thomas Ferrere se rend chez une éleveuse de canards à côté de Rieumes. Touchée par l’influenza aviaire, cette dernière vient de débuter le vide sanitaire de ses bâtiments d’élevage et de gavage. Le traumatisme est visible chez cette agricultrice de 50 ans qui se voit contrainte de suspendre son activité pour plusieurs mois et qui a commencé à désinfecter ses bâtiments déserts. « Le travail est énorme », explique-t-elle. « J’ai quatre bâtiments à nettoyer de fonds en combles, en plusieurs passages, avec successivement de l’eau, des détergents et un produit à base de javel qui me donne une nausée terrible. En une semaine, je n’ai fait qu’un bâtiment. J’espère avoir terminé fin mai. » Dans le cadre du plan de biosécurité, l’agricultrice doit également mettre ses bâtiments aux normes et revoir tout le mode de circulation des engins sur son exploitation. C’est pour cela qu’elle a demandé rendez-vous à Thomas. Installation de sas à l’entrée des bâtiments, crépi lisse à mettre sur tous les murs extérieurs, séparation des espaces élevage et gavage avec un espace bétonné pour désinfecter les pneus des camions de livraison ou d’enlèvement, création d’une zone d’équarrissage, etc., les travaux sont estimés à 50.000 €. Une subvention à hauteur de 40% de l’investissement a bien été annoncée par les Pouvoirs Publics. Mais les modalités restent pour le moment inconnues. « Il a aussi fallu que je me batte pour obtenir une indemnisation promise par le ministère de l’agriculture, mais qui m’a été refusée dans un premier temps pour des raisons absurdes », ajoute-t-elle. Une fois les éléments du projet recueillis, Thomas Ferrere va  étudier les différents moyens d’accompagner sa cliente en fonction de ses possibilités financières. Malgré ces « tracasseries », l’agricultrice veut rester optimiste. Elle voit dans cette crise l’occasion de réorienter et renforcer son outil de production, pour pouvoir le transmettre à son fils d’ici quelques années. Et elle compte bien sur le soutien du Crédit Agricole pour y parvenir.

Un conseiller spécialisé a entre 3 et 5 rendez-vous par jour.
Un conseiller spécialisé a entre 3 et 5 rendez-vous par jour.

16h30 : Retour à l’agence de Rieumes où Thomas a rendez-vous avec une autre agricultrice, dont l’élevage est également en difficultés suite aux différentes crises. Elle vient ce jour-là pour faire le point sur son dossier de réaménagement de prêts éligible au Fonds d’Allègement des Charges (FAC) qui permet de prendre en charges une partie de frais financiers liés au réaménagement de prêts professionnels. Bonne nouvelle, sa demande de réaménagement d’encours lié à la crise aviaire a été acceptée. Par contre, le volet FAC reste soumis à la validation du dossier par l’administration, ce qui ne sera pas immédiat. Mais Thomas est heureux de lui annoncer qu’il a obtenu de réaménager ses prêts à la baisse, ce qui permettra de soulager la trésorerie de son exploitation. « Cela fait partie des satisfactions de mon métier », assure-t-il. « Défendre un dossier auquel on croit et montrer à nos clients que leur banque les soutient, malgré les aléas qu’ils peuvent rencontrer. »

Une fois la cliente repartie, Thomas retourne à ses dossiers et à son téléphone. Car les appels n’ont pas cessé en son absence. Mais son travail lui plaît. « Avec les nouvelles assurances spécifiques agricoles lancées début avril, je peux désormais proposer à mes clients un suivi complet de leur activité », conclut-il. « Quand je rencontre un client potentiel, je peux lui proposer de l’accompagner pour l’élaboration de son projet, son financement, son assurance, sa gestion quotidienne et même la création de son site internet s’il souhaite vendre en direct sa production aux consommateurs. Accompagner un chef d’entreprise à réaliser ses projets, le soutenir et le protéger à chaque phase de son développement, c’est ce qui compte avant tout pour moi. »

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia