Transmettre son exploitation: une réflexion à entamer très tôt

Publié le 5 décembre 2016

Et de quatre ! Le Centre socioculturel de Carbonne accueillait la 4ème édition de la Journée Transmission Installation, organisée par la Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne, ce 29 novembre 2016. Au regard de l’affluence dès le matin, ce rendez-vous annuel confirmait le besoin d’échanges et d’informations sur la transmission d’exploitation. Un véritable enjeu dans un département où près d’un quart des agriculteurs a plus de 60 ans…

Trouver chaussure à son pied

Lancée par le Président de la Chambre d’Agriculture 31, Yvon Parayre, la journée se partageait en deux temps forts. La matinée était consacrée aux témoignages et aux présentations des dispositifs existants pour faciliter la transmission d’exploitation. L’après-midi portait plus sur les échanges entre participants, avec des ateliers animés par les partenaires de la journée, et des rencontres entre cédants et repreneurs potentiels. « Un départ à la retraite sur trois se fait sans repreneur », insistait Marie-Blandine Doazan, Présidente du Comité d’Orientation Installation Transmission (COTI) départemental. « Quand l’installation de jeunes reste trop faible en Haute-Garonne, il faut tout faire pour mettre en relation ceux qui vont arrêter leur activité et ceux qui cherchent des opportunités de débuter la leur. Le but de cette journée est donc bien de faire se rencontrer ces deux types de personnes et de les faire réfléchir ensemble aux moyens de faire coïncider leurs envies. » Les témoignages qui ont suivi montraient justement la difficulté de trouver le repreneur ou le cédant « idéal », tant les positions ou approches varient d’une personne à l’autre. Si Didier Tonon, travaillant 185 ha de céréales, déclarait ainsi ne pas avoir de nostalgie particulière à céder son exploitation, Pierre Baudéan, maraîcher bio, prenait comme un déchirement le fait d’arrêter son activité. Quand Julien Serres était enchanté de reprendre, en compagnie de deux associées, la suite de Pierre Baudéan, avec quasiment la même approche que le cédant, Jonathan Laurens, lui, voulait trouver une exploitation à racheter, avec des terres et une maison, sans avoir de relations particulières avec le vendeur, de façon à faire les choix qu’il désirait. Dans la salle, René Médan, qui a transmis son exploitation il y a quelques années, est intervenu pour souligner la difficulté qu’il y a parfois à trouver le « fil » qui reliera cédant et repreneur. « L’aide d’une tierce personne sera souvent utile, si ce n’est indispensable », concluait-il.

Une journée pour faire réagir

Mathieu Cesses, responsable Installation de la Chambre d’Agriculture qui animait la partie Témoignages, a résumé l’enjeu d’une transmission. « Quand un agriculteur a passé sa vie à construire un beau parcellaire, un beau troupeau, une clientèle ou une réputation avec des produits de qualité, il n’a pas forcément envie de brader son exploitation », estime-t-il. « Mais ne pas prévoir de transmission, c’est prendre le risque de voir disparaître 40 années de travail, de sacrifices et de passion.

Il y autant de situations que de cédants et de repreneurs. La dimension humaine est donc au cœur des enjeux de la transmission.
Il y autant de situations que de cédants et de repreneurs. La dimension humaine est donc au cœur des enjeux de la transmission.

Il faut trouver un équilibre qui donne satisfaction aux deux parties et cette journée a pour but de vous donner des pistes. » De fait, la Chambre d’Agriculture et ses partenaires ont mis en place plusieurs dispositifs destinés à éclairer cédants et repreneurs. Le Répertoire Départ Installation (RDI), consultable en ligne et dans les pages du Trait d’Union Paysan, recense ainsi les exploitations potentiellement cessibles et les projets agricoles de candidats à l’installation. Des formations proposent également aux agriculteurs approchant de la retraite de faire le point sur la reprise de leur exploitation. Enfin, la Chambre d’Agriculture peut réaliser un audit, pris en charge par le Conseil Régional. Cette étude approfondie passe en revue l’environnement économique, financier, technique ou encore social d’une exploitation, de façon à déterminer ses atouts et contraintes, les modes de transmission possibles et leurs conditions.
Après un déjeuner convivial, offert par la Chambre d’Agriculture et les partenaires de la journée, les futurs cédants étaient invités à participer à des ateliers thématiques pour échanger avec des professionnels. Fiscalité, transmission du patrimoine, foncier, retraite, etc., ces ateliers furent pour beaucoup l’occasion d’obtenir des premières réponses à leurs questions. En parallèle, un atelier d’échanges animé par Jeunes Agriculteurs 31 permettait à des cédants et des jeunes de pouvoir exposer leurs problématiques.

« Ces démarches  peuvent sembler fastidieuses et j’étais le premier à ne pas vouloir m’embêter avec ces sujets », témoignait Yves Salles, agriculteur à St Marcet. « Faisant partie du bureau de la Chambre d’Agriculture, j’ai tout de même suivi la formation et je dois dire que cela m’a fait prendre conscience qu’il fallait absolument que je me penche sur la question de ma succession. J’ai encore un peu de temps devant moi, mais j’ai désormais des idées que je dois faire mûrir, pour que mon exploitation ait un repreneur… et un avenir. »

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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