Ail violet de Cadours : vers une commercialisation jusqu’au 31 mars ?

Publié le 30 mai 2020

Maraîchage. L’ail violet de Cadours pourrait-il, un jour, être commercialisé par les producteurs et metteurs en marché jusqu’au 31 mars ? C’est en tout cas un dossier qui est suivi de près par le syndicat de défense. Et qui pourrait voir le jour dans quelques mois. Au mieux lors de la plantation 2020.

Les producteurs d'Ail Violet de Cadours sont plutôt pessimistes quant à l'avenir de leur culture emblématique de la région.

L’annonce a été faite lors du Salon international de l’agriculture, le 24 février, à l’occasion de l’inauguration du stand du Conseil départemental de la Haute-Garonne. Le syndicat de défense souhaite en effet que la période de commercialisation de l’ail violet de Cadours soit prolongée jusqu’au 31 mars. À vrai dire, la GMS peut déjà le vendre jusqu’à cette date. Mais ce n’est point le cas des producteurs et des conditionneurs exclusifs, amenés à se séparer de leurs stocks au 31 décembre.

Répondre à plusieurs enjeux

Une nouvelle échéance qui permettrait bien sûr d’augmenter les volumes, mais pas seulement. « Quand il reste en décembre des stocks chez les metteurs en marché, ces derniers vont les vendre à la GMS. Les quantités peuvent être importantes. Or, les conditions de stockage chez la grande distribution ne sont pas optimales. Les palettes restent à l’humidité, on perd en qualité de produits. L’objectif est donc de commercialiser des stocks moins importants à la GMS sur une période plus longue, assurant donc des rotations. Pour ne pas retrouver de l’ail mauvais dans les rayons », précise Sébastien Taupiac, président du syndicat de défense. Ce prolongement répondrait même à une demande de la grande distribution. « La GMS nous a indiqué que cela n’était pas intéressant de mettre des linéaires pour seulement 6 mois », poursuit-il. Une demande qu’il faut entendre : ce sont en outre entre 70 et 80 % des volumes qui sont commercialisés en GMS.


Mais si ce dossier aboutit, c’est parce que le syndicat a su travailler sur la mise au froid de l’ail violet. Il faut dire que le cahier des charges de l’appellation proscrit l’hydrazide maléique (un traitement anti-germinatif). Il fallait donc trouver une autre solution pour conserver l’ail. « La mise au froid est déjà pratiquée en Espagne, ce qui bloque la germination. Il faut placer l’ail entre 0 et -1 degré. Mais il faut surtout le mettre avant le 15 septembre », explique-t-il encore. Dans ces conditions, les qualités gustatives et organoleptiques de l’ail seront conservées. L’ail qui sera conditionné et envoyé en GMS lors des mois de janvier, février et mars, subira néanmoins des contrôles afin de s’en assurer. « Il ne faut pas avoir de mou, d’ail germé, de coloration. Bref, il faut qu’il soit conforme au cahier des charges », relate le président. De quoi lui garantir son authenticité.

« De la place pour tout le monde »

L’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) a donné son feu vert fin novembre. « Il nous faut désormais attendre un retour de l’Europe, lequel peut intervenir entre 6 et 18 mois », indique-t-il encore.

D’après Sébastien Taupiac, ce prolongement de commercialisation ne devrait en tout cas point faire de l’ombre aux autres ails produits dans l’Hexagone (ail rose de Lautrec, ail blanc de Lomagne, ail blanc IGP de la Drôme, ail d’Auvergne, etc.). Bien au contraire. « Nous sommes sur un marché de niche, avec des volumes qui ne sont pas extensibles. En France, chaque année, 17 000 tonnes d’ail sec sont produites, alors que la consommation est de 40 000 tonnes. Il y a de la place pour tout le monde. C’est l’Espagne qui nous fait mal », rappelle le président.

Aurélien Tournier

Auteur de l’article : Aurélien Tournier

Journaliste.