Alliance Forêts Bois veut réveiller la forêt française

Publié le 9 juin 2015

C’était une première. Un an après la naissance d’Alliance Forêts Bois, née le 4 juillet 2014 de la fusion de 3 coopératives forestières du grand Sud-Ouest, les adhérents des Agences Pyrénées-Est et Midi-Quercy se retrouvaient pour leur première Assemblée de section. Près de 120 personnes s’étaient donc donné rendez-vous à Lanta, ce 21 mai dernier pour une AG tournée vers l’avenir de la forêt en France.

« Alliance Forêts Bois est composée de 14 agences sur les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes, Limousin et Languedoc-Roussillon », précise Stéphane Vieban, son directeur. « Chaque agence couvre un territoire homogène, en termes de boisement et d’essences d’arbres. Certaines, qui ont des enjeux communs, sont regroupées, comme ici en Section. Les remarques ou questions de ses adhérents seront remontées par les délégués de section à l’Assemblée Générale d’Alliance Forêts Bois, le 19 juin prochain à Bordeaux. » La nouvelle organisation n’a pas eu l’air d’intimider plus que cela les adhérents des deux agences. Après la partie statutaire, les questions ont en effet fusé et les débats ont débordé de la seule réunion, pour se poursuivre au repas et pendant la visite de l’après-midi.

Le reboisement en danger ?

Stéphane Viéban (micro), directeur directeur d’Alliance Forets Bois, animait l’AG de section avec les Présidents et directeurs des agences Pyrénées-Est et Midi-Quercy.
Stéphane Viéban (micro), directeur directeur d’Alliance Forets Bois, animait l’AG de section avec les Présidents et directeurs des agences Pyrénées-Est et Midi-Quercy.

Au cœur de l’actualité forestière, le gros dossier est sans aucun doute le suivi des négociations sur le FEADER* 2014/2020. Celles-ci vont conditionner les aides publiques à la sylviculture (reboisement et entretiens, formations, compétitivité de la filière, …). Parmi les actions retenues, le Fonds Régional Carbone intéresse de très près les forestiers. Financé par la Région Midi-Pyrénées et l’Europe, il permet de reboiser chaque année environ 400 ha, en subventionnant les propriétaires à hauteur de 50% de leur investissement. Mais les récentes décisions du Conseil Régional sur ses modalités inquiètent Alliance Forêts Bois. « Les nouveaux critères d’attribution de ces aides excluent les propriétaires soumis à l’ISF, alors qu’ils représentent près de la moitié des reboisements effectués dans la région », explique Thierry Reverbel, directeur de l’agence Pyrénées-Est. « Décourager encore un peu plus ces propriétaires d’investir dans le reboisement nous semble dangereux pour le renouvellement des forêts françaises. Si la France est actuellement en capacité de répondre en qualité et quantité aux besoins des industriels du bois, c’est grâce à des décennies d’efforts de plantation. Or, nous sommes face à un net ralentissement du reboisement. L’avenir de la forêt française et de sa filière de transformation a donc bien besoin de l’engagement de tous les propriétaires ! Nous avons saisi le Président Martin Malvy de ce sujet et nous espérons être entendus. »

Mais Alliance Forêts Bois ne compte pas uniquement sur l’aide publique pour enrayer la baisse du reboisement en France. Depuis septembre 2014, elle a créé un Fonds de dotation destiné au reboisement de la forêt française. Permettant aux entreprises de soutenir des actions de plantations, c’est le 1er en la matière à être reconnu d’intérêt général (voir encadré).

Fédérer, regrouper, accompagner

L’autre actualité d’importance est l’Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) lancé par l’ADEME**, en mars 2015. Baptisée Dynamic Bois, cet AMI vise à augmenter la mobilisation de bois pour les chaufferies biomasse, par des projets collaboratifs, structurants et innovants, issus du terrain. Un appel à projets pour lequel Alliance Forêts Bois a proposé sa participation. « Sur tous nos territoires, nous avons lancé des opérations de mobilisation de bois auprès de nos adhérents », explique Étienne Montagne, directeur de l’Agence Midi-Quercy. « Ce qui n’est pas une mince affaire quand on a des forêts morcelées et dispersées comme celles de nos adhérents. Cela passe par un gros travail d’animation en amont par nos techniciens. Il faut d’abord informer et sensibiliser le maximum de propriétaires. Puis regrouper et massifier les offres et volumes de bois. On ne peut pas déplacer une abatteuse ou un tracteur forestier pour éclaircir ou couper 100 m² de surface… C’est la partie cachée et ingrate du travail de la coopérative, mais c’est aussi la plus importante. Ce conseil aux propriétaires est indispensable pour préparer demain. »

Anticiper les changements climatiques

Les visites sur le terrain de l’après-midi visaient justement à montrer les résultats à moyen terme d’un projet initié il y a 20 ans, quand un propriétaire a reboisé près de 10 ha de taillis dégradé avec du chêne rouge d’Amérique. Deux décennies plus tard, les adhérents d’Alliance Forêts Bois sont allés voir comment s’est comportée cette substitution d’essence mais aussi assister à la première récolte intermédiaire. « Nous avons procédé à une éclaircie de cette jeune futaie avec un procédé nouveau », précise Thierry Reverbel. « Il s’agit d’une pelle mécanique de 10 tonnes équipée d’une cisaille. Cet outil permet de faire le prélèvement des arbres, de sélectionner la partie qui peut être valorisée en chauffage, dans la bille inférieure de l’arbre, et en bois énergie sur la sur-bille. » Cette technique novatrice va permettre à Alliance Forêts Bois d’augmenter les surfaces traitées, qu’elles soient plantées en résineux ou feuillus. L’objectif de 150 ha travaillés que s’est fixé l’Agence Pyrénées-Est pour 2015 devrait d’ailleurs être atteint.

Une deuxième visite, sur la même propriété, montrait un vieux bois de Chêne dépérissant. Fort de l’expérience très convaincante de la 1ère replantation d’il y a vingt ans, le propriétaire souhaite le couper pour reboiser avec des essences plus adaptées aux conditions de sols et/ou de climat. « C’est aussi notre rôle d’anticiper les changements climatiques et de faire évoluer les forêts de nos adhérents par des choix d’essences pertinents et des techniques adaptées », concluait Thierry Reverbel.

En tous cas, l’objectif de la journée était atteint, vu l’intérêt et les débats suscités par ces deux visites. Une belle façon également de conclure cette AG « à la forestière », pour reprendre les termes d’un participant. C’est-à-dire : loin des bureaux, bottes aux pieds et en parlant technique au milieu des arbres…

 

* Le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural est un instrument de financement de la PAC. En France, sa mise en œuvre s’effectue sur la base d’un socle national, le Programme de Développement Rural Hexagonal, décliné dans chaque région, sous la responsabilité des Conseils Régionaux.
** L’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). Créé en 1991, il est placé sous la tutelle des ministres chargés de la recherche, de l’écologie et de l’énergie.

 

Le mécénat pour reboiser la forêt française
Publié au JO le 20 septembre dernier, le fonds de dotation « Plantons pour l’avenir » propose aux entreprises de financer, par le mécénat et dans le cadre de leur responsabilité sociétale et environnementale, la relance du reboisement de la forêt française. Au départ, un constat clair : la forêt française, trop souvent morcelée, dégradée ou délaissée, a besoin de soutien pour être renouvelée et continuer à jouer son rôle indispensable à la protection de l’environnement et à la vie sociale et économique de nos territoires. La réponse : un fonds de dotation créé par Alliance Forêts Bois, en tant que premier reboiseur de France, en concertation avec d’autres coopératives forestières. Toutes les entreprises (quels que soient leur secteur d’activité, leur taille ou leur localisation), de même que tous les particuliers peuvent y contribuer. Les mécènes peuvent ainsi :

  • illustrer très concrètement leur engagement dans le développement durable de leur territoire ;
  • contribuer localement à la captation de CO2 et à la lutte contre le changement climatique ;
  • bénéficier du régime fiscal de faveur du mécénat : les dons ouvrent droit à une réduction d’impôts de 60 % pour les entreprises et 66% pour les particuliers.

Grâce à plusieurs mécènes, Alliance Forêts Bois a d’ores et déjà lancé un premier appel à projets et des plantations ont été réalisées dès le début 2015. En six mois d’existence, ce fonds a déjà permis la plantation de 100 ha. Ces projets sont portés par des propriétaires engagés dans des démarches de gestion forestière durable. Ils sont sélectionnés dans le cadre d’appels à projets réguliers et se voient accorder une aide de 75 % maximum du montant des travaux, sous forme d’avance remboursable à taux 0. Un autofinancement de 25% est demandé aux sylviculteurs. Pour plus de renseignements : www.plantonspourlavenir.fr

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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