Publié le 13 octobre 2019
Guillaume Lefort est agriculteur en Seine-et-Marne. Âgé de 36 ans, il cultive du blé, de l’orge de brasserie, du maïs, des betteraves, de la féverole, de l’œillette, du soja ainsi que des plantes aromatiques. La biodiversité est l’une de ses priorités. Et avec la présence d’une éolienne sur sa ferme, il est également producteur d’énergie. Depuis septembre 2018, il est le président de l’association Agridemain. Au travers de trois questions, il nous explique quel est cet outil.
Agridemain, c’est quoi ?
Agridemain, c’est un outil à destination d’un réseau d’agriculteurs et d’acteurs du monde agricole, afin de les accompagner, les inciter et les aider à communiquer sur leurs métiers. C’est une association, avec un conseil d’administration et un bureau dont je suis le président.
Nous comptons aujourd’hui environ près 350 ambassadeurs. Si la dynamique est historiquement partie du grand bassin parisien, ils sont aujourd’hui répartis dans tout le territoire métropolitain. L’un d’entre eux est d’ailleurs installé en Haute-Garonne. Il s’agit de Pierre Doumerc, à Villemur-sur-Tarn.
D’après vous, pourquoi les agriculteurs doivent-ils aujourd’hui communiquer auprès du grand public ?
Je pense que c’est une erreur de ne pas l’avoir fait avant. Toutes les entreprises disposent d’un budget dédié à la communication. Ce n’est pas le cas dans nos exploitations. C’est certainement dû à une solution de facilité : on devait se dire qu’on en avait pas forcément besoin. Sauf qu’aujourd’hui, on en paie un lourd tribut. On voit les attaques de certaines associations contre les agriculteurs – autant dans l’élevage que les grandes cultures –, ainsi que les inquiétudes du grand public. Nos fermes sont des usines à ciel ouvert. C’est d’autant plus important d’expliquer ce que l’on fait. Nos ambassadeurs sont des agriculteurs, mais aussi des techniciens de coopératives ou encore des concessionnaires. Tous veulent y contribuer.
On a la chance d’avoir un beau métier. Lequel se transforme, se développe, recrute. On communique ainsi autour de quatre axes : la protection de l’environnement, la production alimentaire et les moyens de production, l’emploi – tant dans l’agriculture que l’agroalimentaire – et l’innovation. Je suis aujourd’hui âgé de 36 ans : je ne sais aucunement à quoi ressemblera l’agriculture lorsque je prendrai ma retraite. Elle ne ressemblera en tout cas pas à celle que j’ai connu lorsque je me suis installé.
Comment accompagnez-vous les agriculteurs dans leur communication ?
Agridemain est un outil, pas une finalité. L’idée, c’est d’apporter un certain nombre de solutions. Il y a une diversité d’ambassadeurs, de productions, de caractères, etc. Nous voulons accompagner nos adhérents là où ils se sentent à l’aise. Certains vont choisir de communiquer sur les médias sociaux, d’autres à la ferme, sur des marchés, lors de foires agricoles – comme ce fut le cas début septembre à Châlons-en-Champagne –, au salon international de l’agriculture à Paris, etc.
Nous proposons également des formations, dont comment se mettre en scène avec un smartphone. Des supports de communication peuvent aussi être mis en place au cœur des exploitations. Des panneaux vont par exemple expliquer le fonctionnement d’une moissonneuse-batteuse. Nous avons également une affiche qui va présenter la ferme : son nom, le nombre d’animaux, le nombre de personnes qu’elle peut nourrir, la quantité de carbone captée, le nombre d’emplois induits, etc.
L’un de nos événements phares, c’est la fête des moissons et des récoltes. On n’a pas inventé la poudre, il s’agit de la fête des voisins au niveau rural. Tout le monde n’a pas la capacité d’accueillir des visiteurs lors des vendanges ou des moissons. Ce n’est pas toujours facile, d’autant qu’il s’agit du travail d’une année. L’idée, c’est de mettre une moissonneuse-batteuse ou une machine à vendanger dans la cour de l’exploitation et de discuter autour d’un verre de l’amitié avec ses voisins. Cette année, c’était la 4ème édition et plus d’une centaine d’événements se sont déroulés sur le territoire.
Propos recueillis par Aurélien Tournier