Eau : consensus avec les Conseils Généraux

Publié le 10 mars 2011

« On est plutôt satisfaits », déclarait Jean-Louis Cazaubon. Le Président de la Chambre régionale d’agriculture de Midi-Pyrénées (CRAMP) exprimait le sentiment général des 8 Présidents de Chambres d’Agriculture, à l’issue de leur rencontre avec les Présidents des Conseils Généraux ou leurs représentants, le 28 février dernier à Auzeville.

Sortir de l’impasse

« Ça fait 2 ans que nous essayons, en vain, de faire comprendre au ministère de l’environnement que la réforme proposée en matière de prélèvements d’eau pour l’irrigation est incompatible avec les spécificités du bassin Adour-Garonne et nous mène droit dans le mur », rappelait Didier Roméas, directeur de la CRAMP. « Le constat est aussi le même concernant la création de ressources en eau, où de nombreux projets sont bloqués pour des motifs administratifs. Dans une ambiance lourde de stigmatisation de l’agriculture, il nous a semblé nécessaire, pour sortir de l’impasse où nous nous trouvions, d’associer les Conseils Généraux concernés à nos réflexions. » Une invitation leur a donc été adressée, qui comportait un récapitulatif des conséquences de la réforme du mode de calcul des volumes prélevables ainsi que des exemples de situations de blocage de projets de constitution de réserves en eau. « Au-delà de ces constats, nous y avons aussi ajouté une série de propositions professionnelles sur ces 2 dossiers », soulignait Jean-Louis Cazaubon. « Le but étant de mettre tout le monde sur le même niveau d’informations et débattre avec les collectivités locales d’un dossier qui dépasse largement le simple cadre de l’agriculture. »

Convergence de vues

Si la profession agricole craignait une réunion « polie » où les représentants des Conseils Généraux s’en tiendraient à prendre acte des positions et demandes de la CRAMP, elle en a été pour ses frais. D’entrée de jeu, le Président du Conseil Général du Lot, Gérard Miquel, a déclaré être venu « en solidarité avec le monde agricole », confronté à une réforme dangereuse pour son avenir. Les prises de paroles qui ont suivi sont toutes allées dans le même sens, à savoir que les agriculteurs avaient raison de rejeter la gestion volumétrique des prélèvements ! Les Conseils Généraux ont, eux aussi, dénoncé les contraintes administratives qui retardent, voire condamnent, les plans de création de ressources. Les échanges qui ont suivi ont mis en lumière une convergence de vues entre profession agricole et collectivités territoriales, notamment sur l’importance « extra-agricole » du dossier de l’eau. « Tout le monde s’est accordé à dire que la création de ressources en eau est autant un enjeu de salubrité publique, que de préservation des paysages et de soutien à l’agriculture », se félicitait Jean-Louis Cazaubon. Devant ce consensus, les Présidents des Chambres d’Agriculture de Midi-Pyrénées ont donc proposé une communication commune sur la gestion de l’eau dans la région. « Si le monde agricole part seul sur ce sujet, cela ne servira à rien », reconnaît Didier Roméas. « Cela peut même être contre-productif. Il faut que nos élus locaux entrent en scène pour défendre, à nos côtés, une politique volontariste de constitution de réserves en eau. »

La balle est donc du côté des Conseils Généraux. Mais leur soutien exprimé lors de cette réunion conforte les Chambres d’agriculture dans leur décision de refuser d’être organismes uniques gestionnaires des prélèvements d’eau pour l’irrigation agricole, tant que le système proposé sera maintenu. « De toute façon, c’est une mission que les Chambres d’agriculture ne peuvent pas mener sans accord, ni concertation avec les Conseils Généraux concernés », estime Jean-Louis Cazaubon. « Ils estiment que cette réforme n’est pas satisfaisante, qu’il faut un plan ambitieux de création de ressources et que, tant que ces ressources ne seront pas opérationnelles, la gestion par les débits reste indispensable. Nous ne pouvons que souscrire à cette analyse et attendre de leur part une prise de position officielle à présenter à l’administration. »

Auteur de l’article : Sébastien Garcia