L’agroéquipement a besoin de jeunes

Publié le 10 octobre 2014

La rentrée 2014 à Ondes s’annonce sous le signe d’Innov-Agri. D’ici un an, les 9 et 10 septembre 2015, le lycée sera de nouveau au cœur du plus grand évènement de machinisme agricole du Sud-Ouest. Succédant à Jean-Philippe Roques, parti enseigner l’agroéquipement à Castelnaudary, c’est Aurélien Cartes qui aura la lourde tâche de diriger et préparer l’exploitation du lycée pour le grand jour.

Support pédagogique de 1er ordre

« Toute l’exploitation est tournée vers Innov-Agri Grand Sud-Ouest », confie ce jeune ingénieur de VetAgro Sup (ex-ENITA) de Clermont-Ferrand. « Même si d’ordinaire, la montée en puissance se fait à partir du printemps, les partenariats avec les semenciers vont débuter de bonne heure, pour mettre en place les « vitrines », les micro-parcelles de démonstration, dans les meilleures conditions. » Outre le temps, pour le nouveau directeur d’exploitation, de prendre ses marques, la préparation de la ferme de l’établissement à Innov-Agri servira de support de formations pour les élèves comme pour les agriculteurs. Dans le cadre de la politique « produire autrement », voulue par le ministère de l’agriculture, le lycée continue de s’équiper en matériel de précision (épandeur à pesée continue, balises RTK, etc.). « Grâce à son exploitation et son partenariat avec Innov-Agri, Ondes se positionne toujours davantage comme un pôle « Agroéquipement et Agriculture de précision » de référence, en France », insiste Claudine Quilliec, proviseur de l’établissement. « Ce support pédagogique profitera même aux agriculteurs et à leurs salariés. Notre CFA a ainsi mis en place un partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne et les établissements Fabre à Verfeil, pour des formations courtes pour adultes. »

Lors des Olympiades
Lors des Olympiades

Résolument tourné vers l’excellence en matière de machinisme agricole, Ondes se réjouit particulièrement du succès, tant dans les résultats que pour les inscriptions de la rentrée, de sa filière Génie Des Équipements Agricoles (GDEA). Que ce soit en formation initiale ou en apprentissage, le BTS GDEA séduit par ses nombreux débouchés professionnels et par les possibilités qu’il offre à des jeunes motivés de poursuivre vers des diplômes plus spécialisés.

Une filière d’avenir…

En avril dernier, le lycée d’Ondes accueillait à nouveau l’épreuve de sélection régionale des Olympiades des Métiers, pour la catégorie « Maintenance des matériels ». Issus de divers établissements de Midi-Pyrénées, 26 jeunes passionnés de mécanique s’affrontaient sur trois engins différents (tracteur agricole, mini-pelle mécanique de travaux publics et microtracteur Espaces Verts). Sous l’œil d’un jury de professionnels du machinisme agricole, chaque candidat devait constater, diagnostiquer et réparer un défaut sur l’engin mis à sa disposition. « À l’issue des épreuves, nous désignons le meilleur d’entre eux sur 4 critères », explique Philippe Estanove, Président du jury et délégué régional de l’APRODEMA*.

« Nous jugeons sa logique de compréhension de la panne et de la recherche de solution, ses connaissances techniques, sa dextérité et sa capacité de synthèse. De fait, un professionnel se doit de savoir rédiger un compte-rendu clair et succinct, pour établir une facture et expliquer au client la nature de son intervention. » Le lauréat de la région ira alors disputer les finales nationales à Strasbourg, en janvier prochain. Mais l’objectif de ce concours est surtout de faire connaître la filière de l’agroéquipement et encourager les jeunes à venir vers les métiers de la machine agricole. « Les débouchés sont très importants », insiste Claudine Peirasso, directrice du CFPPA d’Ondes. « Les jeunes qui entrent en BTS GDEA ou Brevet Professionnel Agroéquipement, chez nous, s’insèrent rapidement dans la vie professionnelle, avec des salaires supérieurs à la moyenne. Certains, de plus en plus nombreux, retrouvent l’envie d’aller plus loin et poursuivent leurs études en Licence Pro ou ingénierie. »

… en manque de main d’œuvre

Malgré ses atouts inespérés en ces temps de crise et de taux de chômage élevé, la filière de l’agroéquipement est confrontée à un grave problème de renouvellement de ses effectifs. « La plupart d’entre nous sommes de la génération du baby-boom et arrivons à l’âge de la retraite », rappelle Philippe Estanove. « Mais la relève n’est pas là. L’agroéquipement souffre d’un déficit d’image, auprès des jeunes et de leurs parents, que nous avons beaucoup de mal à combattre. Nous travaillons pourtant sur des technologies qui ont souvent 20 à 30 ans d’avance sur l’industrie automobile (powershift en 1968, cabines climatisées dès 1972, variation continue toujours inconnue en poids lourds, GPS précis au cm, etc.). » Cette méconnaissance du grand public sur les débouchés des filières du machinisme agricole se paie cher pour la filière. Une enquête présentée en 2013 par l’APRODEMA montrait que 4 à 5.000 offres d’emploi, du CAP au Bac +5, restent non pourvues dans le secteur et ce, depuis 5 ans ! Du coup, les bons éléments s’arrachent à prix d’or et des entreprises vont jusqu’à débaucher des jeunes avant le terme de leurs études pour faire face à une pénurie de main d’œuvre. « On entre dans un cercle vicieux », soupire Claudine Peirasso. « Ces jeunes – qui déjà n’auront pas de diplôme – sont considérés par le ministère de l’agriculture comme ayant échoué aux examens. Et comme nos financements sont calculés sur nos résultats, on risque des baisses de budget alors que la filière aurait besoin qu’on mette le maximum sur l’enseignement de la maintenance de matériels. »

Emplois assurés, salaires élevés, opportunités de carrière exceptionnelle, en France ou à l’étranger, la filière GDEA tout pour elle. Les étudiants en 2ème année de BTS du lycée sont, eux, d’ores et déjà convaincus. Ils préparent d’ailleurs leur séjour en Allemagne, où ils partent d’ici quelques jours rencontrer des constructeurs… Si vous désirez davantage de renseignements sur ces formations, vous pouvez d’ores et déjà noter dans vos agendas la journée Portes Ouvertes « spéciale BTS », le 4 février 2015.

 

* L’Association Professionnelle de Développement de l’Enseignement du Machinisme Agricole et des Agroéquipements est une association qui regroupe les constructeurs, distributeur et utilisateurs de matériel agricole. Ses missions sont de promouvoir les métiers de l’agroéquipement auprès des jeunes et faire le lien entre les entreprises et les enseignants pour dispenser une formation répondant au mieux aux besoins des professionnels.

 

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia

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