L’apprentissage, un format gagnant-gagnant

Publié le 18 février 2020

L’apprentissage attire de plus en plus. D’après des chiffres du Ministère du Travail, publiés fin 2018, 294 800 nouveaux contrats d’apprentissage avaient été signés en 2017 (280 400 dans le secteur privé et 14 500 dans le secteur public). Soit une hausse de 2,1 % par rapport à 2016. Certains secteurs d’activité plaisent davantage. En 2017, les entrées en apprentissage reprenaient dans le secteur agricole, avec +6,7%. Alors qu’elles diminuaient légèrement dans le secteur de l’industrie (-0,6%). L’apprentissage, c’est aussi une première porte d’entrée vers le monde professionnel. De quoi en séduire plus d’un. Comme le haut-garonnais Thomas Fromont.

Thomas Fromont prépare actuellement un BPREA Productions animales à l’EPL de Saint-Gaudens. Le jeune homme, originaire d’Aspet, souhaite devenir éleveur bovin viande, tout en proposant également des prestations de services en travaux agricoles. Pour y parvenir, il a opté pour la voie de l’apprentissage. « J’ai choisi l’apprentissage car je n’aimais pas l’école.
Je ne voulais pas passer une année dans une classe et je souhaitais entrer dans la vie active. Je poursuis ainsi mes études et je travaille en même temps »
, explique-t-il volontiers.

Transmettre un savoir

Il travaille ainsi depuis plusieurs mois à Estadens, aux côtés de Jean-Luc Lapeyre. Installé en 1997, cet exploitant de 48 ans possède un élevage laitier. Ce sont une quarantaine de vaches qui sont en production (quota de 350 000 litres de lait annuel, démarche de lait cru pour la fabrication du fromage de Bethmale). L’agriculteur peut également compter sur 65 hectares de terres. « C’est Thomas qui est venu frapper à ma porte en me demandant si je pouvais le prendre. Il avait besoin d’une nouvelle exploitation pour terminer sa deuxième année de CAP. J’étais alors en pleine période de semis de maïs. Je n’avais pas trop le temps d’y réfléchir, je ne connaissais pas le fonctionnement de l’apprentissage, ni le coût financier. Mais je l’avais déjà eu pendant 15 jours en stage. C’est cela qui m’a permis de prendre ma décision, ça a vraiment été l’élément déclencheur  », raconte-t-il. Avant de poursuivre  : «  C’est vrai que cela demande un engagement supplémentaire. Un jeune est là pour apprendre. Mais si on veut que les agriculteurs restent en place et s’installent, surtout des jeunes, c’est important de transmettre un savoir ».

Une fois son CAP en poche, Jean-Luc Lapeyre a repris le jeune homme pour deux nouvelles années, toujours en apprentissage. « Tout ce que je voyais dans ma réflexion était positif. Il connaissait l’exploitation, il est autonome sur l’utilisation du matériel. Il sait terminer un chantier de labour, même si je garde un œil dessus. Un bovin demande un peu plus de surveillance, sa présence allait m’alléger. Ça allait coûter plus cher, mais ça allait me permettre de me soulager sur les coups de bourre et l’astreinte. Avant qu’il vienne, j’utilisais parfois le Service de Remplacement. Certains travaux étaient donc déjà délégués. Je peux aussi désormais anticiper des absences », ajoute-t-il encore.

Une organisation du travail à définir

Les journées ne se ressemblent pas. L’apprenti peut en effet travailler dans les champs (semis, travail du sol…), sur le matériel agricole ou réaliser la traite. « Il ne fait pas la traite du matin en raison de l’amplitude des horaires à respecter. Un apprenti, ce n’est pas profiter d’une main d’œuvre. Je ne vais pas l’envoyer labourer à 19 heures. Après, il ne va pas non plus partir pendant un vêlage car il sera 20 heures, il y a une souplesse. Dans l’agriculture, nous travaillons sur du vivant », rappelle Jean-Luc Lapeyre.

Tout au long de la semaine, l’exploitant n’hésite pas à vérifier les gestes de son protégé et si le travail est bien effectué. Formation oblige. Mais pas que. « Certains oublis pourraient engager une charge financière importante. Imaginons par exemple un problème de réglage, un tank non conforme… On fait étape par étape. Une fois qu’il sait manipuler certains outils et ma façon de travailler, on passe à autre chose », note-t-il encore.


La clé de la réussite, c’est également l’entente entre l’apprenti et son patron. « On se comprend, on arrive à discuter, on se partage des idées. Il y a beaucoup de gentillesse », indique d’ailleurs Thomas Fromont. En tout cas, l’expérience paraît satisfaisante des deux côtés. Quitte à la recommander à d’autres.

Aurélien Tournier

Auteur de l’article : Aurélien Tournier

Journaliste.