Le bassin laitier Sud-Ouest se dote d’un plan stratégique

Publié le 23 mars 2013

Forte volatilité du prix du lait, fin programmée du régime des quotas laitiers en 2015, réforme de la PAC…, la filière laitière doit s’adapter à un contexte économique en pleine mutation. C’est pourquoi, depuis la campagne 2011-2012, une gouvernance de la filière laitière par bassin a été instaurée, au travers de conférences de bassin.

Initiative unique en France

Les bassins laitiers sont au nombre de 9 en France. Le bassin du Sud-Ouest, qui regroupe les régions Aquitaine, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, est le plus vaste. « Mais aussi un des plus fragiles », notait, le 28 février dernier, Henri-Michel Comet, Préfet de région Midi-Pyrénées mais également Préfet coordonnateur du bassin laitier Sud-Ouest. Ce jour-là, il présidait à la signature d’une charte inédite d’engagements entre les acteurs de la filière. « Le bassin Sud-Ouest est actuellement le seul à s’être lancé dans une telle démarche de rassemblement », se félicitait le Préfet en préambule. « Ce projet politique qui unit pouvoirs publics, producteurs et industries vise à maintenir durablement une production et une transformation sur le territoire. » Prévue pour une période de trois ans (2012-2015), cette charte officialise les engagements respectifs des acteurs de l’amont et de l’aval de la filière. Les industriels s’engagent ainsi à s’approvisionner en priorité auprès des producteurs du bassin, à y maintenir le potentiel de production ou encore moderniser les outils de transformation de ce territoire. De leur côté, les producteurs feront leur maximum pour maintenir la production au travers d’une nouvelle dynamique d’installation, pour améliorer la rentabilité économique ou la qualité du lait au travers de suivis techniques ou encore pour mettre en adéquation la production avec les modes de fabrication.

Savoir travailler ensemble

Cette charte définit enfin un plan d’actions stratégiques, à l’échelle du bassin, qui s’articule en 5 axes : améliorer la qualité du lait pour mieux répondre à la demande des industriels, améliorer la compétitivité, assurer le renouvellement des générations (installation/transmission), rechercher une valorisation optimale du lait et améliorer la connaissance de la filière et des marchés. « Nous avons acté un principe de travail », déclarait Thierry Lanuque, Président de Cilaisud, l’interprofession laitière du Sud-Ouest. « C’est-à-dire ne pas mener 10 combats à la fois, mais 1 ou 2 et les mener au bout. Ce sera aussi savoir nous retrouver, savoir faire ensemble des bilans des actions engagées et, si on n’a pas progressé, comprendre pourquoi et trouver les solutions. C’est un principe de coordination qui va dans l’intérêt des producteurs, mais aussi des consommateurs, à qui nous apporterons plus de produits de qualité, tracés, compétitifs ? C’est enfin dans l’intérêt des transformateurs pour développer des produits toujours plus innovants et adaptés aux marchés. » Pour suivre les évolutions de ce plan stratégique et l’adapter en conséquence, Michel Sallenave, directeur de la DRAAF, précisait qu’un comité opérationnel réunissant les représentants de l’État, des producteurs et des industriels se réunira 3 fois par an. Des rencontres qui s’ajouteront aux 2 conférences annuelles du bassin laitier du Sud-Ouest.

Seul point de crispation, la Confédération Paysanne et la Coordination Rurale ont refusé de signer cette charte, estimant que la notion d’un prix du lait rémunérateur n’était pas prise en compte dans les engagements des industriels. Ce à quoi la Fédération Régionale des Producteurs de Lait (FRPL) répond que tous les engagements et les objectifs définis dans le document (comme la rentabilité des exploitations) induisent de fait le maintien de discussions et de négociations sur ce délicat dossier. « Le problème du prix du lait ne se règlera pas à notre petit niveau local, vu notre poids dans la filière laitière nationale », ajoutait pour sa part Henri-Michel Comet. « Sachons rester modestes et travaillons ensemble, pas à pas, en nous serrant les coudes. Car ce n’est certainement pas en restant les bras croisés, sans essayer de développer ce qui peut l’être chez nous, que les choses évolueront. »

Le saviez-vous ?

À quoi sert une conférence de Bassin Laitier ?

 
C’est une instance de concertation entre les partenaires de la filière laitière et les Pouvoirs Publics, pour l’ensemble des questions touchant à la production de lait. Elle est consultée par le préfet coordonnateur pour la mise en œuvre des quotas. Elle peut être également consultée sur les politiques d’accompagnement de l’amont et l’aval, et plus particulièrement sur l’établissement des priorités de modernisations des entreprises agricoles ou d’aides à l’investissement des entreprises de collecte et de transformation. Elle participe enfin à l’amélioration des connaissances de la production et du marché des produits laitiers, à la cohérence des actions en matière de recherche, d’expérimentation et de développement, ainsi qu’à l’élaboration de la stratégie d’évolution à moyen terme de l’offre au niveau du bassin.
Pour information, la filière laitière du bassin Sud-Ouest joue un rôle important dans l’économie et l’aménagement du territoire. Elle alimente un bassin de 6 millions d’habitants et dispose d’atouts liés à son poids économique (5.800 producteurs, 59 entreprises de collecte, de nombreux emplois induits), à la variété et à la qualité de ses productions (fromages sous signes de qualité, produits de grande consommation à forte valeur ajoutée) et concourt à la qualité environnementale de nombreux territoires du bassin, notamment en zones de montagne et de piémont.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia