Le CPPG joue les équilibristes

Publié le 6 avril 2011

Résultant de la dissolution du STPL* et de la réponse de la Chambre d’Agriculture 31 à un appel d’offres pour assurer ce service en Haute-Garonne et dans le Gers, le CPPG (Contrôle de Performances Pyrénées Gascogne) tenait sa seconde AG, le 29 mars dernier. Réunis par son Président, Jean-Louis Chassot, à l’espace Pégot de la Chambre d’Agriculture de Saint Gaudens, siège social du CPPG, la trentaine d’adhérents présents a fait le point sur ces deux années d’existence et échanger sur les problématiques de la filière.

Pas le droit à l’erreur…

C’est en substance ce qui ressortait du bilan financier 2010 du CPPG. Si la structure équilibre ses comptes, elle n’en reste pas moins financièrement fragile. D’où une gestion très prudente de la part de ses responsables et des recours à des systèmes de financement d’investissements originaux. « C’est notamment le cas pour la mise en place des lactocorder (compteurs électronique portables, voir TUP n° 1359 du 14 mai 2010) », précise Denis Schang, chef du service élevage de la Chambre d’Agriculture 31 et animateur de CPPG. « L’achat simple aurait représenté 65.000 €, ce qui était impossible pour la structure. Sur les conseils du Crédit Agricole, nous avons donc opté pour un crédit bail, sous forme de loyers mensuels de 800 €. En vitesse de croisière, le coût annuel de ce crédit bail équivaut au salaire que nous aurions dû sortir pour assurer la prestation par des peseurs. » Et c’est bien là que réside un des problèmes les plus délicats que doit gérer le CPPG. Avec la reprise des salariés du STPL (peseurs et techniciens) par la nouvelle structure, la Chambre d’Agriculture 31, qui est le principal contributeur au budget du CPPG, doit réussir le difficile exercice de maintenir un service de qualité aux adhérents du contrôle de performances et de garder un maximum de salariés dans un contexte de baisse d’activité. « Entre 2009 et 2011, nous sommes passés de 241 à 191 éleveurs laitiers suivis », rappelle Denis Schang. « Dans ces conditions, il a fallu trouver des solutions pour adapter nos charges de structure. Il y a donc eu deux licenciements économiques, heureusement de personnes proches de la retraite. L’achat de lactocorder est une autre des solutions. Le but n’est pas de remplacer l’homme par la machine. Mais dans une région comme la nôtre, à très faible densité laitière, nous ne pouvions demander à nos peseurs de faire jusqu’à 80 km pour réaliser un seul prélèvement et de passer le plus clair de leur temps dans les bouchons de l’agglomération toulousaine. » Dernière service en date pour améliorer l’information des éleveurs et la vitesse du retour des résultats, la possibilité de connaitre les résultats provisoires du contrôle « Lait-Taux », avant leur validation, sur le portail Internet du SELSO (Services pour les éleveurs du Sud-Ouest). Dès que ces résultats sont en ligne, l’éleveur est averti par SMS que ses données sont consultables. Opérationnelle depuis le 1er avril, cette option se trouve dans l’onglet « SELSO Pro », sur le site www.selso.net.

Objectif : qualité

Lactocorder et SELSO pro visent à l’amélioration des connaissances de l’exploitant sur la performance de son élevage et ses marges de progression possibles. Les interventions qui ont suivi la présentation des comptes et rapports d’activités suivaient ce même objectif de recherche permanente de qualité. Frédérique Reulet, Responsable qualité de la Chambre d’Agriculture 31, présentait ainsi le SMQ, Service Management Qualité. « C’est une démarche qualité collective et volontaire, menée au niveau national par France Génétique élevage », rappelait-elle en préambule. « Après un diagnostic mené l’an passé, nous avons mis en place un plan d’actions pour que nos pratiques locales arrivent à un niveau correspondant au référentiel national. Ces différents chantiers (formation et le suivi des peseurs, création de documents administratifs standards pour les contrats, enregistrements,…, etc.) seront audités en interne et les résultats, régulièrement communiqués aux éleveurs du Sud-Ouest. Au titre des futures actions à développer, l’amélioration des collectes des échantillons et des délais d’analyse par le CIALSO** a donné lieu à une mise au point de la part de sa directrice, Sophie Baudron. Avec 680.000 km effectués par an, dans 21 départements, la collecte des échantillons est un vrai défi et une course permanente contre la montre. « Nous faisons tout pour réduire les coûts et les délais », plaidait-elle. « Mais compte-tenu de la densité des exploitations, qui est la plus faible de France, on ne peut pas toujours faire de miracles. Par contre, j’invite fortement les éleveurs à utiliser au maximum Internet et ne plus attendre les documents papiers. Cela fait partie des choses qui nous permettront de gagner du temps. »

Objectif qualité toujours, mais cette fois pour les aliments fabriqués à la ferme. Régis Payrastre, technicien Conseils bâtiment du service élevage de la Chambre d’Agriculture 31, revenait sur les conditions indispensables à la préparation de sa propre farine. Conditions techniques (stockage, ventilation, puissance électrique, …), mais aussi conditions économiques, en tenant compte de la volatilité du prix des céréales ou encore de la taille de l’exploitation et de son cheptel. « Chaque cas est particulier », insistait-il. « C’est pourquoi je vous invite à consulter un conseiller économie de la Chambre d’Agriculture pour déterminer dans quelles conditions la fabrication de vos aliments sera rentable. »

Qualité toujours, l’intervention de Pascal Aries, technicien spécialisé  « Bovin lait » du service élevage de la Chambre d’Agriculture, portait sur les résultats économiques des ateliers lait suivis. Avec des conclusions assez étonnantes. « Aussi curieux que cela paraisse, c’est la qualité du lait qui fait la différence de marges brutes entre les meilleurs et les moins bons du groupe, plutôt que le poste des charges », remarquait-il. « Certes, le coût des aliments représente toujours 45% des charges animales, mais sa variation n’influe que légèrement sur le revenu. Il y a donc un vrai effort à faire sur la qualité, principal point noir de notre production régionale. Même si des gros progrès ont été faits en matière de cellules, il y a encore trop d’argent qui s’envole… »

Qualité de vie enfin, avec l’intervention de Valérie Montano, conseillère spécialisée Emploi à la Chambre d’Agriculture 31, qui se penchait sur la problématique des conditions de travail, dans leur globalité. « Il n’y a pas que le revenu à prendre en compte pour juger de la performance d’une exploitation », rappelait-elle. « Il y a des progrès possibles sur des points aussi importants que le temps de travail, la vie familiale ou sociale, etc. » Avec un court exercice interactif, Valérie Montano a permis aux participants de l’AG de se rendre compte du degré de qualité de leur environnement de travail. Et les a invités à la recontacter pour étudier ensemble les voies d’amélioration possible.

Le mot de la fin revenait à Jean-Louis Chassot. Si son rapport moral pointait les dysfonctionnements et les difficultés de la filière, il a voulu adresser un message plus optimiste à l’assemblée. « C’est dur pour tout le monde, on ne va pas s’en cacher », concluait-il. « Mais ce n’est pas en baissant les bras que cela ira mieux. Alors ne nous laissons pas aller au défaitisme. Il nous reste des pistes à explorer, des atouts à faire valoir. Ne les gâchons pas par excès de pessimisme. »

SG

* Structure départementale de conseil et contrôle des performances en production laitière
** Le Centre Interprofessionnel d’Analyses Laitières du Sud-Ouest, outil des interprofessions laitières (bovines, ovines, caprines), a été créé en 1973 pour appliquer la loi Godefroy qui fait obligation de payer aux producteurs, le lait en fonction de ses constituants physico-chimiques et de sa qualité bactériologique.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia