Le syndicat de l’Ail violet gonflé à bloc

Publié le 30 août 2010

« Cette fois, j’espère que c’est la bonne. » Lilian Bernard, le Président du Syndicat de Défense de l’Ail violet de Cadours, attend beaucoup du prochain passage devant la Commission parisienne de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine). « Cela fait 12 ans que l’on travaille pour l’obtention de l’AOC Ail violet de Cadours », rappelle-t-il. « Autant d’années d’allers/retours incessants de courriers et dossiers, entre le Syndicat, l’INAO de Gaillac, qui pré-étudie notre dossier, et Paris. À chaque fois, il fallait revoir ou affiner le cahier des charges. Cela a entraîné une certaine lassitude de la part des producteurs, qu’il a fallu surmonter pour continuer à avancer. Mais maintenant, je pense qu’on y est. » La dernière mouture du cahier des charges a été transmise à Gaillac pour être ensuite présentée à Paris. La procédure de passage en commission de l’INAO est relativement longue et Lilian Bernard estime que tout devrait être fait dans le 1er semestre 2011. Une récompense très attendue par des producteurs après des années d’efforts.

Fin prêts pour l’AOC

En parallèle de ces va-et-vient du cahier des charges, les producteurs du syndicat sont loin d’être restés les bras croisés. Ils ont beaucoup travaillé sur le contrôle interne et externe de la production. Lors d’une formation VIVEA en octobre dernier, ils ont élaboré, en partenariat avec l’organisme de certification Qualisud, un protocole définissant les points à contrôler, la fréquence des contrôles, les modalités d’enregistrement des pratiques ou encore la traçabilité en station et chez les producteurs. Le contrôle interne sera pris en charge par le syndicat et réalisé par une personne extérieure. Qualisud aura en charge le contrôle externe. Pour être opérationnels immédiatement, ils ont même embauché une personne pour réaliser une simulation de contrôle pendant 12 jours pour tester les procédures chez 12 producteurs, dans les conditions « AOC ».

La communication n’a pas été oubliée non plus. Cet hiver, une formation est prévue avec une entreprise privée pour élaborer une charte commune et un plan de communication sur les mois à venir. Un site Internet est également en cours de finalisation, qui présentera la démarche AOC, la production d’ail violet et la vie du syndicat.

Depuis un an et demie, un gros travail a été accompli avec l’aide de Laurence Espagnacq, technicienne de la Chambre d’Agriculture et Stéphane Dargassies, du Conseil Général. Il reste à faire adopter les nouveaux statuts du syndicat, pour être conforme avec les règles de l’INAO, ce qui devrait être fait lors de la prochaine Assemblée Générale. Les producteurs ont retrouvé toute leur motivation et sont dans les starting-blocks, dans l’attente du feu vert de l’INAO. « On croise les doigts pour que notre dossier passe rapidement en commission nationale », confie Laurence Espagnacq. « Mais il faut savoir que l’INAO doit revoir l’ensemble des AOC viticoles de France. C’est un travail énorme et le « petit Poucet » de l’ail violet n’est malheureusement pas prioritaire… »

Un marché à exploiter

Lilian Bernard est serein. L’ail violet est un marché économiquement viable. « Avec 1200 tonnes/an, nous avons une moindre production que l’ail blanc. En jouant sur notre spécificité et sur les atouts gastronomiques de l’ail violet, nous avons un marché de niche à exploiter, tout en nous mettant à l’abri d’une éventuelle surproduction qui ferait chuter les prix », estime-t-il. Il n’est pas le seul à y croire. Depuis 18 mois, 3 nouveaux partenaires économiques ont rejoint le syndicat. Ce qui porte à 4, le nombre de négociants et metteurs en marché. « Ils ont vu que les choses bougent », se réjouit Lilian Bernard, « et ont pris conscience qu’il y a un vrai intérêt à se positionner sur l’ail violet. »

La commercialisation se fait par 3 canaux principaux : le marché de Cadours, la vente directe et les négociants. « C’est un bon moyen pour les agriculteurs de se diversifier et de compléter leur revenu », estime Lilian Bernard. « Avec 8 à 9.000 euros de revenu net/ha, l’ail violet vaut la peine qu’on s’y intéresse. Le seul problème est de trouver de la main d’œuvre dès lors que la surface devient importante. »

L’ail violet fait la fête

Le 28 août dernier, Cadours célébrait son Ail Violet, comme chaque année depuis 23 ans. Ce fut l’occasion, une fois de plus, de mettre en valeur le travail et le professionnalisme des producteurs de la zone d’appellation et leurs efforts pour promouvoir ce produit aux qualités gustatives remarquables. Le clou du spectacle, qui attire chaque année de nombreux visiteurs, était bien entendu le concours d’œuvres d’art réalisées à partir de l’ail violet. Maquettes de monuments, d’objets ou bien saynètes de la vie quotidienne d’hier et d’aujourd’hui, ce n’est pas l’imagination qui manque aux compétiteurs. Cette année, c’est la reproduction d’un kiosque à musique qui a remporté les suffrages du jury.

Les organisateurs ont également voulu s’ouvrir à d’autres productions emblématiques du Sud-Ouest. Le Safran du Quercy ou le Piment d’Espelette figuraient parmi les nouveaux invités. Suite au succès du concours départemental de labour qui se tenait en même temps que la fête de l’ail, l’an passé, les Jeunes Agriculteurs du canton s’étaient largement investis pour organiser à nouveau des démonstrations de labour moderne ou à l’ancienne. Une manière pour les JA de s’associer et d’embellir cette fête incontournable de la région, pour le plus grand plaisir des petits et des grands.

Auteur de l’article : Sébastien Garcia