Les fraises, de mère en fille

Publié le 18 juin 2018

En pleine saison de la fraise, les clients se bousculent Au Jardin de Pauline, à Lapeyrouse-Fossat. Et pour cause : la tonne de Mara des bois, Gariguette et Manille cueillie par Christine Alaux ne suffira pas à satisfaire toute la demande. Si les conditions météo exceptionnelles pénalisent bon nombre de productions en ce printemps 2018, Christine Alaux se souvient surtout de l’année dernière. Les fortes chaleurs du mois de mai avaient grillé toute une partie des fraises Mara des bois. « Cette année ne peut pas être pire, concède la productrice. Le fruit est présent, il  semblerait que le manque de soleil ait simplement causé un retard sur la Gariguette, connue pour sa qualité primeur. » À côté de cette variété plébiscitée des clients, Christine Alaux a choisi de cultiver deux autres variétés : la mara des bois, la plus tardive, et, en milieu de calendrier de récolte, la manille. « Cette variété, au fruit très rond et la couleur foncée, possède des qualités gustatives indéniables. Elle est aussi plus intime ; seuls quelques producteurs l’ont implantée en Haute- Garonne. » Ces trois variétés permettent d’échelonner la production. Un étalement apprécié aussi bien côté main-d’oeuvre au moment de la cueillette (l’exploitation n’a pas de salarié) que côté consommateur, pour la dégustation. Point positif : cette année, les gourmands ont pu se régaler defraises pour la fête des mères, toujours positionnée fin mai !

Passionnée

La fraise, Christine Alaux est tombée dedans quand elle était petite. Sa grand-mère se rendait quotidiennement au marché de Saint-Aubin vendre les produits de l’exploitation vivrière familiale. Quand ils prennent la relève, ses parents se spécialisent dans le chrysanthème et la fraise. Ils arrêtent cette dernière en 1992 : « La fraise d’Espagne a complètement déstabilisé le marché. Il y a eu beaucoup de méventes et de casse. Les prix n’étaient plus rémunérateurs. » Pendant ce temps, Christine Alaux suit les recommandations de ses parents et travaille 10 ans à l’extérieur. Avant que la passion ne la rattrape : en 2001, elle monte une serre d’essais sur les terres familiales. « Je voulais m’assurer que je savais produire. » L’année suivante, à la naissance de sa fille, elle  comprend qu’elle souhaite l’élever comme elle-même a toujours grandi, au rythme de l’exploitation agricole. Adieu les horaires de bureau, elle franchit le pas de l’installation, relance la production  de fraises et continue les chrysanthèmes. Elle choisit de dénommer l’exploitation « Le Jardin de Pauline, » en clin d’oeil à sa fille et son arrière-grand-mère, qui portent le même prénom. Ses parents lui cèdent la place, prenant tour à tour leur retraite. « Ils restent toujours très présents et me donnent un coup de main aussi précieux qu’efficace », reconnaît Christine Alaux, à propos de ceux qui voulaient la détourner de l’agriculture. « Finalement, mon père est ravi et fier de la façon dont son exploitation a évolué », insiste-telle, modestement.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier