Les orages frappent la Haute-Garonne

Publié le 15 juillet 2014

En 10 jours, deux séries d’orages mêlés de grêle se sont abattues sur le département. À chaque fois, il s’agissait de brefs épisodes de vents très violents, accompagnés de fortes pluies et de grêlons de taille variable selon les secteurs. Ces orages ont fait de gros dégâts aux cultures d’hiver et d’été, dont la majorité n’était pas encore récoltée du fait d’une météo défavorable. Si ces phénomènes, très localisés, n’impactent pas le niveau global des rendements du département, les agriculteurs ayant eu la malchance de se trouver dans ces couloirs d’orage ont, eux, de lourdes pertes à déplorer. Nous vous proposons de retrouver quelques comptes-rendus, non exhaustifs, réalisés par des conseillers de la Chambre d’Agriculture et le témoignage d’un exploitant du Lauragais. D’ores et déjà, la Chambre d’Agriculture mobilise son réseau et a sollicité la DDT pour leur exposer le bilan provisoire réalisé par ses conseillers de secteur.

Revel

Le dimanche 6 juillet vers 17 h, un fort coup de vent, accompagné de couloirs de grêles et de forts abats d’eau, a provoqué d’importants dégâts sur les cultures situées dans la plaine de Revel.

La majorité des dégâts est sont concentrée le long de 2 couloirs de grêle, de part et d’autre de l’agglomération de Revel (cf. carte jointe). Les communes touchées sont St Félix Lauragais, Roumens, Revel, Montégut Lauragais et Garrevaques (81). Il y a entre 20 et 30 agriculteurs concernés à des degrés divers.

L’action combinée du vent et de la grêle a provoqué des dégâts plus ou moins importants, selon les endroits. En blé dur et blé tendre, les pertes sont estimées entre 10 et 30 % par engrenage. Pour les cultures d’été (tournesol, maïs, soja, haricot, pois-chiche), les pertes vont de 50 à 100 % selon les parcelles, avec des feuilles hachées, des pertes de pieds et des plantes sectionnées.

Enfin, la violence de la tempête a cassé ou déraciné de nombreux arbres, le long des 2 couloirs de vent.

Les dégâts sur le matériel sont moindres, à l’exception notable de l’exploitation de Ludovic Marty, particulièrement touchée. Une partie d’un hangar de stockage de fourrage s’est effondrée chez cet éleveur de Veaux sous la Mère, en cours d’installation JA à Revel, dont les parcelles ont été également durement touchées.

Dès le lendemain, la Chambre d’Agriculture de Haute-Garonne a entrepris une mission d’enquête pour faire une évaluation des dégâts. Ce premier constat sera affiné dans les jours suivants et a été présenté à l’administration, lors d’une réunion à la DDT de Toulouse.

Nicolas Planès (Chambre d’Agriculture 31)


Témoignage
Sur les 97 ha que compte son exploitation, Francis Sablayrolles, agriculteur à Montégut-Lauragais, en a vu 90 touchés par la tempête du 6 juillet. Les pertes vont de 50 à 100% selon les cultures. « On a eu un phénomène assez rare, qui combine rafales de vent et grêle », lâche-t-il. « L’éolienne située en bordure du couloir de vent a enregistré des pointes à près de 160 km/h. Ici, je pense qu’on a dû frôler les 200. Comme les grêlons n’étaient pas très gros, ils ont été poussés par le vent, à l’horizontale. Les cultures ont donc pris une véritable mitraille, de plein fouet. Ça n’a pas duré longtemps, peut-être 5 minutes Mais la violence était telle que ça a suffit à tout casser. »

À 62 ans, Francis Sablayrolles n’avait jamais vu ça. Des maïs et des tournesols qu’il montre aux visiteurs, il ne reste souvent plus que les pieds. Les traces d’impact sont clairement visibles, toutes du même côté de la tige, même à 10 cm du sol. « Le stade est trop avancé pour que ça repousse. Même quand la tête des tournesols n’a pas été cassée, les feuilles ont été arrachées. Sans photosynthèse, rien ne repoussera. Pour mes blés durs, une grande partie des graines est au sol. Je pense avoir perdu pas loin de 20 qx sur toutes mes parcelles. C’est arrivé au pire moment. 15 jours plus tôt, j’aurais peut-être pu ressemer du tournesol dans les endroits les plus touchés. 15 jours plus tard, les blés auraient été rentrés et j’aurais au moins pu couvrir une partie de mes frais. Mais là, je perds mes cultures d’hiver et de printemps. J’ai travaillé un an pour rien… Au mieux, je vais retourner les cultures les plus endommagées pour ne pas laisser les adventices se développer, ce qui me fera un petit apport organique pour la prochaine culture. »


Chez ses voisins, le tableau est aussi apocalyptique. La parcelle d’haricots de Christian Marty, exploitant à Revel, a été hachée menue. De solides arbres centenaires, qui en ont pourtant vu d’autres, gisent ça et là, racines à l’air. À côté de là, chez Ludovic Marty, le tableau est le même, mais ce jeune éleveur de Veaux sous la Mère a vu une partie de son hangar de stockage de fourrages s’effondrer sous les rafales. « On était à l’épicentre de cette tornade », explique Achille Marty, père de Ludovic. « Quelques centaines de mètres plus loin, pas une branche d’arbre n’a été cassée. Alors qu’ici, j’ai juste eu le temps de me réfugier dans le hangar et de pousser deux balles de foin contre la porte qui menaçait de se dégonder. » Non loin, les parcelles de colza de Dominique Caussinus sont blanches. Et pour cause, les siliques (gousses de couleur brun jaune) ont été ouvertes par les grêlons, répandant les graines au sol. Seules restent les cloisons centrales des siliques, blanches, au bout des tiges. Là non plus, il n’y a plus rien à ramasser.

Par choix, Francis Sablayrolles ne s’est pas assuré contre la grêle. Dans toute sa carrière, il n’a été que rarement touché par ce genre d’épisode. Et compte-tenu de son faible niveau d’annuités, ses investissements étant quasiment tous amortis, il a préféré faire l’impasse sur l’assurance. « Je vais me serrer la ceinture cette année », concède-t-il. « C’est au printemps que ce sera le plus difficile, quand il faudra racheter les semences pour la campagne 2015. Mais je m’en sortirai en tapant dans mes réserves. Par contre, quand cela arrive à un jeune récemment installé, avec des remboursements au plafond, c’est un coup à mettre la clé sous la porte… »

Propos recueillis par S.G.

 

Rieumes

Le samedi 28 juin, un orage de grêle a suivi la vallée du Touch, entre Bérat et Pouy de Touge. Les dégâts se sont concentrés dans une zone bien précise, dans un couloir de 3 km de large de part et d’autre du Touch. Les communes de Bérat, Savères, Lautignac, Pouy de Touge et Montastruc Savès ont été les plus touchées.

Pour les céréales à paille, les épis ont été sectionnés ou égrainés. En colza, les siliques ont explosé sous l’impact de la grêle et on observe de nombreux grains au sol. Les cultures de printemps présentent de nombreux épis hachés, ou seulement découpés pour les plus vigoureux. Il faudra rester attentif à l’évolution de ces plantes meurtries, notamment au niveau de développement de maladies. On constate enfin que plus les plants étaient développés, plus l’impact a été fort et préjudiciable, en particulier sur les tournesols et maïs grain, ensilage et semence. Si le soja peu développé et le sorgho ont une chance de repartir, le potentiel de rendement des cultures d’hiver, des colzas, maïs et tournesols est fortement compromis sur les parcelles touchées.

Certains agriculteurs ont eu des pertes de fonds à déplorer, avec des ravinements dans les coteaux et accumulation de terres dans les bas fonds.

On note enfin des dommages parfois importants sur des bâtiments. Certaines toitures sont à refaire entièrement et on compte de nombreux dégâts sur des bâtiments d’élevage, des boudins d’enrubannage et des silos.

Jean-François Caux (Chambre d’Agriculture 31)

 

Fronton

Le 28 juin 2014, un premier orage de grêle s’est abattu sur le vignoble de Fronton, accompagné de 30 à 60 mm et de vent. Cet orage, venu de l’ouest, a touché la commune de Fronton d’ouest en est, puis a pris la direction du Tarn, notamment sur la commune de Villemur/Tarn.

Les grêlons de la taille d’une balle de golf, avec des bords tranchants, ont touché principalement les grappes, faisant peu de dégâts sur les feuilles et les sarments. En Haute-Garonne, on estime à 400 ha, la surface impactée par cet épisode de grêle, avec des dégâts allant de 10% à 60-70% de perte de récolte.

3 jours plus tard, le 1er juillet, un nouvel orage de grêle a traversé le vignoble de Fronton sur un couloir presque identique au précédent. À Villaudric et Villemur, 200 ha supplémentaires s’ajoutent aux 500 ha déjà touchés par la grêle du 28 juin. Sur la partie ouest de Fronton, les dégâts sont limités à quelques baies abîmées et aucun dégât n’est à signaler sur feuilles et sarments. La grêle a été accompagnée de cumuls d’eau atteignant jusqu’à 80 mm, tombés en une heure.

En revanche, à l’est de Fronton, en direction de Nohic, la grêle mêlée à une pluie battante, atteignant jusqu’à 100 mm par endroits, et à un vent important, a accentué les dégâts du précédent orage, touchant très fortement 110 ha de vigne en Haute-Garonne. On recense de forts dégâts sur grappes et des impacts sur feuilles et sarments. Les dégâts sont difficiles à estimer aujourd’hui, mais il semble qu’ils soient de l’ordre de 60 à 90% de perte de récolte.

Au total, environ 600 ha ont été touchés par les deux épisodes de grêle en Haute-Garonne. Aujourd’hui, l’estimation de l’impact de ces épisodes de grêle sur la quantité de la récolte 2014 est difficile à réaliser, les épisodes étant trop récents. Cependant, en plus de la perte de récolte, d’autres conséquences sont à prendre en compte :

  • En raison d’une pression plus élevée du champignon Botrytis cinerea sur les parcelles touchées, le temps de travail sera probablement plus important. De fait, un effeuillage sera primordial pour limiter les risques de pourriture grise.
  • Le risque de mildiou et d’oïdium est accru. Il faudra donc probablement effectuer plus de traitements contre ces deux maladies.
  • Enfin, le risque de différence de maturité entre les baies grêlées et les baies saines est également à craindre. Cela impliquera du travail supplémentaire de tri au moment des vendanges.

Florie Bedouet (Chambre d’Agriculture 31)

 

Ailleurs dans le département…

Auterive : D’importants dégâts de grêle ont été relevés sur les coteaux d’Esperce, Escayre et Gaillac-Toulza dans le canton de Cintegabelle. 15 à 20 agriculteurs seraient touchés. Les tournesols et sorghos y ont été hachés, tandis qu’un très fort taux d’épis cassés est à déplorer dans les parcelles de blés.

Les maïs et sorgho ensilage ont également souffert, mais il est trop tôt pour connaître le degré d’impact sur les ensilages.

 

Rieux Volvestre : Le dimanche 6 juillet vers 16h, un orage de grêle très localisé s’est abattu dans un couloir allant de Bax (canton de Rieux) à Lézat/Lèze, en passant par Latrape, la commune la plus touchée. La tornade a balayé les coteaux, faisant de gros dégâts aux cultures, notamment sur les colzas, blés, tournesols et sorgho. Une vingtaine d’agriculteurs est concernée par le phénomène. On a relevé des couches de grêlons allant jusqu’à 10 cm au sol après le passage de l’orage.

La combinaison vent + grêle a également durement touché les bois et forêts du secteur, où les arbres les plus faibles n’ont pas résisté aux rafales.

Les maires de Latrape et Rieux ont déposé une demande de reconnaissance de catastrophe naturelle.

 

Une exonération possible pour les sinistrés

Les agriculteurs ayant subi des dégâts suite aux orages de fin juin et début juillet peuvent demander une exonération de la TFNB au centre des impôts dont ils dépendent. Il leur faut pour cela déposer un imprimé de demande d’exonération (imprimé n°4195), en indiquant les pertes qu’ils ont subies.

Cet imprimé est disponible auprès du conseiller agricole de la Chambre d’Agriculture de votre secteur, ou sur le site de la Chambre d’Agriculture.

Liste des centres des impôts fonciers du département :

CENTRE DES IMPÔTS FONCIERS DE TOULOUSE

33 rue Jeanne Marvig

31404 TOULOUSE CEDEX 9

cdif.toulouse@dgfip.finances.gouv.fr

 

CENTRE DES IMPÔTS FONCIERS DE COLOMIERS

1 Allée du Gevaudan – BP 20305

31776 COLOMIERS CEDEX

 

CENTRE DES IMPÔTS FONCIERS DE MURET

159 Av. Jacques Douzan

31608 MURET CEDEX

 

CENTRE DES IMPÔTS FONCIERS DE ST GAUDENS

Place du Pilat -BP 10042

31801 ST GAUDENS CEDEX

 

 

Auteur de l’article : Sébastien Garcia