SIQO : l’arme anti-délocalisation

Publié le 22 novembre 2010

« En attachant un produit à son terroir, les Signes d’Identification de la Qualité et de l’Origine (SIQO) sont l’arme absolue contre les délocalisations ! » assénait Jean-Louis Cazaubon, en guise d’entrée en matière. Le 21 octobre dernier, le Président de l’IRQUALIM (Institut Régional de la Qualité Agroalimentaire) et Vincent Labarthe, vice-Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées, présentaient à la presse les résultats de l’étude « Impact économique et territorial des SIQO ». Les conclusions de Julien Frayssignes, Docteur en Géographie et rédacteur de cette étude, sont tout aussi percutantes : « Les SIQO portent en eux les fondements de ce que doit être le développement durable. C’est-à-dire l’économie (meilleure valorisation des produits), le social (création d’emploi et contribution à la vie des terroirs) et l’écologie (contribution à la préservation des ressources naturelles) ».

Rendre justice aux SIQO

Jean-Louis Cazaubon et Vincent Labarthe visiblement ravis de faire la preuve de l'efficacité des SIQO, tant sur l'économie des exploitations que sur la préservation des territoires
Jean-Louis Cazaubon et Vincent Labarthe visiblement ravis de faire la preuve de l’efficacité des SIQO, tant sur l’économie des exploitations que sur la préservation des territoires

C’est parce que ces Indications Géographiques sont parfois contestées par les agriculteurs que l’IRQUALIM, avec le soutien financier de la Région Midi-Pyrénées, a commandité cette étude. « Nous voulions fournir aux professionnels des données justifiant les bénéfices de l’adhésion à la démarche qualité », poursuit Jean-Louis Cazaubon. Julien Frayssignes s’est donc appuyé sur 5 produits régionaux sous signe de qualité.* Et les résultats sont éloquents.

L’étude met ainsi en évidence une valorisation économique supérieure pour un produit SIQO par rapport à un produit générique. Fin d’une idée reçue, hormis les frais d’adhésion à la démarche, leur coût de production n’est pas plus élevé. Les résultats de l’enquête révèlent que les SIQO ont une incidence bénéfique, non seulement sur la santé financière des exploitations, mais aussi sur l’ensemble du bassin de production. Ils facilitent également le référencement en grande distribution, ce qui induit un accroissement des volumes de ventes. Organisés en filières, les producteurs sont mieux armés pour affronter les aléas du marché et réagir aux crises financières. Générateurs d’emplois, les SIQO sont un rempart à la délocalisation du fait de l’origine géographique liée aux démarches. Ils participent également à une dynamique locale par l’identification touristique d’un territoire, dont Rocamadour est un des exemples les plus significatifs. Enfin, les SIQO s’inscrivent dans le nouveau modèle agricole européen respectueux de l’environnement.

Le fruit d’une politique régionale concertée

L’étude visait enfin à démontrer la pertinence de la politique régionale agricole. De fait, la Région Midi-Pyrénées accompagne depuis de nombreuses années les productions engagées dans une démarche officielle de qualité. Ainsi, depuis sa création en 1992 grâce à un important soutien financier de la Région Midi-Pyrénées, l’IRQUALIM, qui regroupe les représentants de l’ensemble des filières agricoles, fédère toutes les productions régionales bénéficiant d’un signe officiel de qualité. En 18 ans, 120 produits ont obtenu une labellisation, ce qui place Midi-Pyrénées au 1er rang national, en nombre de produits sous SIQO et impose l’IRQUALIM comme une référence en France. À la grande satisfaction de son Président, qui relativise toutefois les choses : « Avec cette politique agricole régionale, nous avons su valoriser le savoir-faire et l’authenticité de notre gastronomie locale, malgré nos territoires réputés difficiles. Mais n’oublions pas que ces productions restent des niches. Nous avons encore beaucoup de travail à accomplir pour que l’ensemble de nos produits soient mieux valorisés et de préférence près de chez nous. Si le bœuf de l’Aubrac se vend très bien dans les boucheries parisiennes, il est toujours anormal que 80 % de la viande consommée en région toulousaine soit produite hors de la région. »

* l’Agneau fermier du Quercy IGP/Label rouge, le Haricot tarbais IGP/Label rouge, le Bœuf fermier Aubrac Label rouge, le Rocamadour AOP/AOC et l’Ail rose de Lautrec IGP/Label rouge.

Les SIQO en chiffres

  • 120 produits de Midi-Pyrénées sous SIQO et 15 en cours de labellisation
  • 15.903 exploitations concernées, soit 49% des exploitations professionnelles agricoles de la région
  • 45% de l’emploi au niveau des exploitations agricoles régionales, soit 29.722 emplois
  • 19% du chiffre d’affaires des exploitations de Midi-Pyrénées, soit 612 millions €

Auteur de l’article : Sébastien Garcia