« J’ai planté 125 arbres en agroforesterie »

Jacques Crespy, agriculteur aux Cassés (Aude) possède aussi des terres en Haute-Garonne. Voilà deux ans, il a planté des arbres sur 4 ha consacrés aux grandes cultures. Ces parcelles d’agroforesterie sont autant destinées à faire du bois d’œuvre qu’à améliorer la structure du sol.

Comment avez-vous organisé la plantation sur vos parcelles ?

J’ai planté 5 rangées espacées de 6 mètres. Chaque rangée contient environ 25 arbres, eux- même espacés de 6 à 8 m. Les arbres s’étendent donc sur une surface de 4 ha, et équivalent à environ 100 m de haies. Après mettre beaucoup documenté dans des livres et avoir suivi une formation avec la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne, j’ai choisi les essences de noyers, cormiers, poiriers et merisiers. J’ai privilégié des essences locales. Comme le siège social de mon exploitation est situé dans le département de l’Aude, je me suis aussi appuyé sur les conseils de l’association « Arbres et paysages d’Aude ». De plus, j’ai bénéficié des services de la pépinière départementale. Au moment de mon projet, celle-ci était ouverte à tous. J’ai pu obtenir les arbres gratuitement. Je n’ai eu à ma charge que le travail du sol et les protèges plants.

Avez-vous réalisé le chantier vous-même ?

Oui, avec l’aide de ma famille. Ma femme et mes enfants m’ont aidé à la mise en place des arbres. Préalablement, pour préparer le sol, j’ai effectué un passage de sous-soleuse suivi d’un outil rotatif en surface. J’ai ensuite creusé les trous à la mini-pelle, qui semblaient bien gros comparativement à la taille des plants. J’ai complété avec moitié terre et moitié compost végétal. Deux ans et demi plus tard, les arbres se sont bien développés et je ne regrette pas d’avoir fait des trous aussi gros. J’estime n’avoir perdu que 10 arbres sur les 125 plantés.

Pourquoi avoir choisi cette parcelle pour faire de l’agroforesterie ?

Étant donné que les arbres sont destinés à faire du bois d’œuvre d’ici 25 à 30 ans, il était primordial de les planter sur une parcelle dont je suis propriétaire, ce qui est le cas ici. De plus, elle est située à proximité immédiate de mon habitation. Je peux donc facilement garder un œil dessus. Entre l’élagage et les dégâts de chevreuil, cette plantation demande d’y consacrer du temps et de la surveillance, qui est facilitée quand les plants sont sous nos yeux. L’installation de protéges plants pour chevreuils sur tous les plants s’est révélée bien utile.

Quels sont les avantages ?

Les alignements sont définis et c’est pratique pour suivre les lignes. D’ici 4 à 5 ans, je vais aussi pouvoir récupérer les branchages et les feuilles pour les broyer et en faire du BRF qui pourra servir de paillage ou d’engrais vert. Mon exploitation de 75 ha est en cours de conversion bio. Quant à l’ombre des arbres, elle représente plus un avantage qu’un inconvénient, au moins pendant les 15 premières années. Après, elle pourrait pénaliser les cultures en place, habituellement du blé, du tournesol, des lentilles ou du pois. Les avantages priment donc sur les inconvénients. Pour preuve, j’ai pour projet de planter une nouvelle parcelle de 17 ha l’hiver prochain. Ces 4 ha n’étaient qu’un essai qui me sert de test afin de progresser et faire évoluer les pratiques.

Auteur de l’article : Marie-Laure Chabalier